Colette Pascarel née Boutot

Yves Ponthier, co- président du comité ANACR-Objat, a recueilli les souvenirs de jeunesse, sous l’ Occupation, de madame Pascarel. Ci-dessous la retranscription de cet enregistrement, faite par Alain Dargery, secrétaire du comité:

 » A Juillac, la 1ere  classe était mixte ; nous étions une trentaine d’élèves. Ensuite, les garçons allaient à l’école à la Mairie. Il n’y avait pas de cantine ; les enfants des villages venaient à pied, avec leur gamelle et leur bûche de bois en hiver. Arrivés en classe, l’enseignante vérifiait la propreté des mains, des oreilles et des cheveux, à la recherche de poux.  

Nous avions à l’école des réfugiés Polonais, Juifs, Espagnols, Italiens qui étaient arrivés en 1939. Je ne me souviens pas d’arrestation de Juifs à Juillac. La vie à l’école était différente de ce qu’elle est aujourd’hui : Leçon de morale, instruction civique, respect des enseignants. Il y avait les travaux pratiques. Les filles apprenaient la couture et la cuisine, les garçons, le jardinage et le bricolage.  Je me rappelle d’un canevas que nous avions fait pour la fête des mères nouvellement créée. 

Nous faisions un exercice militaire avec un bâton en guise de fusil ; garde à vous, présentez arme etc. On nous avait demandé de faire une lettre à Pétain ; j’avais fait la vitrine de mes parents. Nous chantions « Maréchal, nous voilà ». Ces directives nationales, étaient relayées par la Mairie. [Monsieur Laplanche, ancien instituteur, a publié un livre dans lequel il recense tous les conseils municipaux de Juillac depuis 1789.]

Un portrait du Maréchal, figurait à la mairie comme aujourd’hui celui du président en exercice. De même, au collège, un portrait du maréchal était suspendu à l’entrée du bureau de la directrice. J’avais 13 ans en 1944. J’ai été élève au collège d’Objat du 1er octobre 1942 jusqu’à juillet 1950. Il y avait un concours d’entrée en 6 éme puis un examen pour l’obtention d’une bourse. La tenue vestimentaire était uniforme : Tailleur avec jupe Bleu marine, chapeau type Charles Trenet ; à un moment, nous avions une grande capeline.

La Directrice était Madame Crouzillat. Je me souviens d’une nuit où elle a été contrainte de faire visiter les dortoirs par 2 hommes qui vérifiaient qu’il n’y avait pas 2 personnes par lit; ils étaient à la recherche de juifs cachés. Une autre fois, un avion a survolé le collège à très basse altitude ; quelques minutes plus tard, on a entendu une explosion. Je suppose qu’il s’agissait de l’avion qui s’est écrasé près de Varetz. En 1945, un prisonnier Allemand a été affecté au collège. Il s’occupait entre autres du chauffage au charbon ; il comprenait assez bien le Français. Le Chauffage était souvent en panne. Nous allions prendre la douche chez Dumont ; l’eau était froide….

Le jour du débarquement, le collège nous a libérés. Durant l’été 1944, en vacances à Pierrefiche, j’ai eu la peur de ma vie, je gardais les vaches avec mon cousin. Une Jeep Allemande s’est arrêtée ; nous étions cachés derrière une haie. J’ai attrapé le chien et l’ai tenu afin qu’il n’aboie pas. Je me suis dit : s’il aboie, ils vont tirer. Les Allemands sont repartis et, de peur, nous avons regroupé les vaches et sommes rentrés.

Les Allemands sont venus une fois à Juillac ; ils sont restés une journée à la gendarmerie. Le Maire Monsieur Boucher a été sollicité. Prévenus, nous étions partis. A  ma connaissance, il y a eu d’autres passages de véhicules Allemands mais pas d’autres stationnements. Une autre fois, nous descendions de la Bachellerie ; nous voyions une traction arriver au loin ; de peur, nous nous sommes enfuies dans un champ de pommes de terre qui bordait la route. La traction s’est arrêtée ; en sont descendus des maquisards qui nous ont rappelés et nous ont dit : « surtout, ne faites jamais ça, pour les allemands, c’est un signe de culpabilité . ils vous auraient tirés comme des lapins. »

A la maison, nous participions aux travaux du quotidien comme tous les enfants à cette époque : les cochons, les poules, les lapins etc. Je n’ai pas souvenir de camps de jeunesse mais il y avait « les compagnons de France » ; ils passaient dans les villages, organisaient des feux-de-camp, nous faisaient chanter.

En 1944, Jacques Pagnon s’est blessé accidentellement avec une mitraillette ; il a été soigné à Clairvivre mais n’a pas survécu. A Clairvivre, j’ai été soignée pour une typhoïde. Mon père y avait l’adjudication pour la livraison de pain. Plus tard, c’est mon oncle qui a créé la boulangerie. Cet hôpital de Clairvivre a joué un rôle très important. J’y ai vu des couloirs encombrés de malades. Un bus venait de Limoges et un autre de Brive pour transporter des malades. J’étais à Clairvivre chez mon oncle lorsque la poudrerie de Bergerac a été bombardée. La déflagration a été entendue jusque-là ; les carreaux de l’hôpital tombaient.

J’ai connu 3 jeunes réquisitionnés pour le STO : Fernand Boutin, Jeannot Pascarel ; j’ai oublié le nom du troisième. Jeannot Pascarel a été tué le jour de la libération par une balle perdue à Mulhouse ; il faisait partie d’une famille de 11 enfants ; leur maison était près du monument aux morts de Juillac. Je n’ai pas eu connaissance de prisonniers libérés au titre de la relève prônée par les autorités pour justifier le STO. J’ai connu un autre jeune qui a refusé le STO : Jeannot Marco, et bien d’autres dont j’ai oublié le nom. Ils ont rejoint le maquis ou se sont cachés dans de la famille éloignée. Nous connaissions les gars qui étaient dans le maquis. Je me rappelle des sacs de pain qui quittaient la boulangerie la nuit. 

Nous écoutions la radio de Londres pendant le couvre-feu. Avant la guerre, nous avons écouté Hitler ; le discours de Munich. Je me rappelle de sa voix.  Nous achetions le journal et à la mairie étaient affichés les édits municipaux mais aussi les directives de Pétain. On connaissait l’existence du Maquis au Pont Laveyras. Nous connaissions les deux frères Delage : Robert a été tué sur place ; Jean qui était commis chez nous est mort en déportation.

Il y a eu des parachutages du côté de La Bachèlerie. C’est peut-être en rapport avec les armes que j’ai découvertes un matin dans l’escalier de la maison. Le bruit courait qu’ avant 1942, un Allemand aurait été tué par le Maquis et jeté dans un puits et une autopsie a été ordonnée en présence des Allemands, le Maire, le Garde Champêtre, et les gendarmes… Le garde champêtre diffusait les nouvelles ; il attirait les habitants avec son roulement de tambour et débutait par : « Avis à la population »

Il y avait des bals clandestins les dimanches après-midi, dans des granges isolées. Il y a eu beaucoup de prisonniers dont j’ai oublié le nom, hormis René Dumas dont la mère a fait confectionner par mon père une tourte dans laquelle était dissimulé un tube d’aspirine contenant un plan ; il est revenu comme ça. J’étais à l’école avec les filles du Juge de Paix. Arrêté, il s’est évadé mais n’est pas revenu à Juillac ; il s’est réfugié à Salat.

On a connu aussi un monsieur qui faisait du marché noir ; il achetait des produits dans les fermes et les revendait on ne sait où. Il demandait de l’argent aux femmes dont le mari était prisonnier, se faisant fort de les faire libérer ; finalement, il a été arrêté. Les tickets de rationnement étaient de trois sortes : petits, ados, adultes. Maman délivrait le pain au regard des tickets qui lui étaient présentés. Il était difficile de tricher car la farine était contingentée. Tous les mois, mes parents allaient à la préfecture régler les comptes. Ils avaient droit à un nouveau contingent de farine en fonction des tickets qu’ils présentaient. Les réfugiés étaient traités de la même façon que les Juillacois. Je crois que c’était la mairie qui délivrait les tickets aux habitants.

 A l’époque de la libération de Brive, un camion d’Américains est passé à Juillac. Ils nous ont distribué des chewing-gums, un paquet de Camel et une orange. Madame Lapouge notre voisine, épicière, a été internée dans un camp à Brive. Nous n’avons jamais connu les raisons de son arrestation. Elle ne faisait pas de marché noir. Elle a sûrement été dénoncée par quelqu’un de malveillant. Un épicier dont la boutique était près de la pharmacie, refusait de donner des victuailles aux maquis ; ces derniers sont venus et ont dévalisé la boutique. Le slogan appliqué était : « Taisez-vous, méfiez-vous, les murs ont des oreilles ».

A cette époque, un train surnommé « le Tacot » passait à Juillac. La maison située à droite dans le virage à la sortie de Juillac en direction de Rosiers est dans un style très différent des autres maisons ; c’était la gare. La Saint Mesmin, le 29 mai se tenait en bas avec les manèges et les forains ; en haut le comice agricole. Le premier dimanche d’Août, avait lieu la Fête. »

 

Download PDF

Un gendarme à Tulle en 1944

Nous vous proposons ci-dessous le récit du gendarme Chastaing, en poste à Tulle en juin 1944. Sa famille a donné son témoignage se présentant sous forme de 9 feuillets dactylographiés à monsieur Ponthier, co-président de l’anacr-Objat . Monsieur Dargery, secrétaire du comité en 2024, les a scannés et remis en forme. Merci à tous.

Témoignage du gendarme Chastaing

« Depuis plusieurs jours une sorte de rumeur planait sur la Ville de TULLE, que les FFI allaient attaquer la garnison allemande. Celle-ci était cantonnée à l’école de Souilhac (Tulle Sud) et à l’Ecole Normale de Jeunes Filles, rue de Bournazel, non loin de la Préfecture. L’effectif pouvait être de 250 à 300 Sous-Officiers et soldats. Ils étaient armés de mitrailleuses, fusils-mitrailleurs, grenades, mitraillettes et fusils. 

En effet, cette rumeur est fondée. Le 7 au matin, vers 4 heures, les patriotes au nombre de 1 000 à 1 200 environ, venus d’Egletons, de Clergoux etc. cernent la ville de Tulle. Ils ouvrent le feu avec des mortiers et des armes automatiques. L’attaque est particulièrement dirigée contre l’Ecole Normale ; plus d’une centaine de waffen S.S Géorgiens ou Allemands se défendent avec acharnement. Par les issues des premier et deuxième étage, ils ripostaient coup par coup, mais sans résultat. Le bâtiment était très encaissé, bordé de buissons et d’un grand mur de clôture, d’une hauteur de 2 à 3 mètres. Il était très facile aux FFI d’approcher maison par maison sans se trouver sous le feu de l’ennemi.

Des fusils-mitrailleurs étaient placés dans toutes les ruelles allant vers l’école. D’autres étaient installés dans les maisons les plus proches et par les fenêtres de celles-ci, de telle sorte qu’il est impossible à l’ennemi de fuir sans se trouver dans l’axe de tir des F.M. Bientôt, les carreaux des fenêtres de l’Ecole étaient brisés par les balles. Les mortiers postés en face à 200 ou 300 mètres, tiraient sans arrêt et à force, dans l’après-midi, l’immeuble a commencé à prendre feu sous l’effet de la canonnade. Mais l’ennemi fanatique ne se rendait pas pour autant ; se tenant toujours sur la défensive en se retirant dans les sous-sols de l’établissement. Enfin, la journée passe sans avoir obtenu de résultat. Le calme revient un peu, les coups de feu sont moins nombreux. Toutefois l’Ecole est bien gardée de façon à empêcher les fuites. D’autres patriotes tiennent en respect l’ennemi se trouvant à l’Ecole de Souilhac de façon qu’il ne puisse pas venir porter secours à ceux qui seront bientôt obligés de mourir ou de se rendre.

Enfin la nuit arrive, le bâtiment flambe mais lentement en raison de sa construction récente et du manque de meubles ou objets inflammables à l’intérieur. Le toit du côté nord avait commencé à s’effondrer.

Le 8 au matin, à l’aube, l’attaque reprend son intensité, de tous les côtés, rafales et crépitements des balles ; on se croirait sur un vrai champ de bataille. Nul ne peut sortir sans risquer la mort.

Vers 10 heures, sans pouvoir plus préciser, des éléments FFI se sont présentés à la caserne pour demander des munitions, les leurs étant épuisées. Ils ont emporté le nécessaire et ont affirmé que l’attaque tirait à sa fin, l’ennemi étant obligé de se rendre par suite de la destruction totale de l’Ecole sous l’action feu. En effet, le toit de l’immeuble complétement effondré, les pans de mur ravagés par l’incendie s’écroulent obstruant les ouvertures des caves et sous-sols, obligeant ainsi l’ennemi à sortir ou à périr

A un moment donné des soldats ont tenté de s’enfuir côté sud-est, mais ils ont été aussitôt abattus. D’autres au nombre de 7 je crois, dont le sinistre WALTER, ont profité d’un moment d’inattention pour escalader le mur du parc côté sud et se sont enfuis à travers champs.

Toujours dans l’après-midi, sans pouvoir préciser l’heure, une quarantaine de soldats sont sortis de la cour de l’Ecole, arborant un drapeau blanc, faisant mine de se rendre. Arrivés à proximité du FFI posté avec son FM à un carrefour à une trentaine de mètres de l’école, l’un des soldats ennemis a lancé une grenade ou tiré une rafale de mitraillette dans la direction du patriote, sans l’atteindre.

Au même instant, témoins de cet acte de lâcheté, les patriotes postés avec leurs armes automatiques dans les maisons environnantes, ont déclenché le feu sans pitié sur ces traitres qui ont montré leur barbarie jusqu’à la mort. Sans exception, ils ont tous été fauchés, criblés de balle à bout portant.

Aussitôt après, une cinquantaine de soldats se trouvant encore dans l’Ecole ou dans le parc attenant sont rendus. Désarmés aussitôt, ils furent conduits en ville les bras en l’air. La bataille était gagnée pour les FFI en ce qui concerne Tulle Nord.

Dans la soirée, les prisonniers furent conduits au cimetière, où malgré imploration, paraît-il, ils furent tous fusillés.

Pour nous, la Gendarmerie, tout le monde était resté à son poste. Le Capitaine BATTU faisant fonction de Chef d’Escadron nous avait rassemblés le matin dans la cour derrière la caserne, en ordonnant de n’obéir qu’à ses ordres. Le gendarme, vieux soldat qui a prêté serment de n’obéir qu’à ses chefs n’a pas bronché. A partir de ce moment, le Capitaine BATTU nous a abandonnés craignant sans doute des représailles de la part des FFI et personne ne l’a revu. Le commandement incombait donc à notre Commandant de Section, le Capitaine LAVIE. Après entente avec ce dernier et les FFI, nous avons remis tout notre armement et munitions aux FFI, qui au préalable ont tiré quelques rafales de mitraillette à la façade principale de la caserne sous forme de simulacre d’attaque. Simplement les carreaux des fenêtres du couloir central du bâtiment ont été brisés par les projectiles. Pour nous tout semblait être fini. Rien ne laissait prévoir la triste journée du lendemain.

Vers 18 ou 19 heures, avec le Gendarme MAZELLE nous nous sommes rendus à l’Ecole Normale. Arrivés dans la rue du Trech, en face de la boucherie FLOIRAT, nous avons aperçu un soldat allemand tué sur le trottoir, son casque ayant roulé à quelques mètres de lui. Une énorme flaque de sang avait coulé dans le ruisseau. A une vingtaine de mètres plus haut, en face du coiffeur LORTHOLARIE, un autre cadavre gisait sur le bord de la chaussée. Enfin nous arrivons rue Henri de Bournazel où 38 corps, pêle-mêle, étaient étendus sur le côté droit de la rue. Ils portaient des blessures béantes d’où le sang coulait encore.  L’horreur de la guerre avait fait son apparition. La plupart des cadavres avaient été dépouillés de leurs bottes, même de leurs alliances, paraît-il. Après cette horrible vision, car il faut le dire, même que ce soient des ennemis, on doit « respecter les morts », nous sommes rentrés à la caserne. A notre arrivée, les brigades externes qui étaient repliées à Tulle ont reçu l’ordre de rejoindre leur résidence.

Donc, il ne restait plus que la Brigade de Tulle. Le calme régnait dans le quartier. Au sud de la ville c’est à dire vers Souilhac, la fusillade continuait, mais tout le monde le trouvait normal puisqu’à l’Ecole de Souilhac, il y avait toujours de la résistance, l’ennemi ne voulant pas se rendre.

A la tombée de la nuit, de nombreux coups de feu étaient tirés vers la cathédrale. Certains bruits avaient couru qu’une automitrailleuse allemande avait parcouru la ville. Nul n’y a prêté attention, on se croyait bel et bien libérés.

La nuit arrive, le Capitaine LAVIE qui couchait au bureau pour parer à toute éventualité le cas échéant, donnait l’ordre de monter la faction dans la cour et de se remplacer toutes les 2 heures, ceci pour ne pas accentuer la fatigue de la veille. La garde devait être prise en arme (car sur ordre d’un chef des FFI,1partie de l’armement avait été rendue).

La faction a commencé à 22 heures, de deux heures en deux heures. Pour mon compte, avec le Maréchal du logis-chef CROUSILLAC, je devais prendre de 4 h à 6 h. On devait relever les gendarmes FOUQUET et LAPORTE. Jusqu’à cette heure rien d’anormal, si ce n’est que le gendarme LAPORTE nous a dit avoir entendu un bruit de moteur d’avion durant toute sa faction. « Les Anglais ont dû parachuter quelque chose cette nuit », nous a-t-il dit. En effet, aussitôt la prise de notre service, nous avons entendu des bruits de moteurs sans arrêt. Tout d’abord nous avons bien cru à un ronflement provoqué par l’aviation.

A six heures précises, le 9 juin, au moment où nous devions être relevés, mon camarade CROUSILLAC me dit : « ce ne sont pas des avions ! on dirait que ça change de vitesse ». Le bruit semblait s’approcher vers nous. Ma curiosité me pousse à ouvrir la porte d’entrée donnant sur la rue de la Bastille.Je regarde vers la ville. A ma grande stupéfaction, j’aperçois au fond de la promenade en face des pompes funèbres, deux automitrailleuses allemandes venant vers nous. Dans la première, un officier casqué, les armes à la main.

Je referme aussitôt la porte à clef et je dis à mon camarade CROUSILLAC « Nous sommes perdus, les boches sont là « . Il y avait de quoi avoir peur avec ce qu’il s’était passé la veille. Pendant que le Chef CROUSILLAC s’est mis au pas de course, je vais au bureau pour prévenir de cette mauvaise aventure le Capitaine LAVIE couché dans une pièce à côté. La consigne était de ne laisser entrer personne sans l’ordre du Capitaine. J’arrive au bureau des brigades où se trouvaient plusieurs gendarmes couchés ou en train de s’habiller. Affolé, je leur dis « les boches sont là ! ». Je passe par le couloir qui donne accès aux bureaux et à la chambre du Capitaine. Pas encore arrivé en face de cette dernière, une rafale de mitraillette ou fusil mitrailleur était tirée sur la façade de la caserne où le fils du chef CROUSILLAC, âgé de 15 ans, a été blessé par balle à la tête dans sa chambre. Sous l’effet de ces coups de feu, tout le monde a été sur pied et les hommes s’enfuyaient par les toits, sur le derrière du bâtiment encaissé et gagnaient les jardins, car tout le monde pensait que la dernière heure avait sonné.

Pour moi, j’ai escaladé la fenêtre du rez-de-chaussée du couloir donnant dans la cour de derrière et de là dans le jardin. Là, j’ai rencontré plusieurs de mes camarades, les uns ont longé le jardin de l’Evêché, et de là en traversant la route de Limoges, ont gagné les bois. Ils m’ont invité à les suivre, mais je m’y suis refusé, ne voulant laisser ma femme et mon fils. Je suis resté seul un instant, ayant aperçu les dames du 3ème étage par les fenêtres du couloir, j’ai appelé plusieurs fois : « Roger ! Roger ! » mais pas de réponse. J’aurais voulu le faire passer sur le toit pour qu’il vienne me rejoindre afin de le soustraite aux mains de ces brutes, car j’avais bien peur qu’on me le fusille.

A cet instant, l’Adjudant-Chef CONCHONNET, les gendarmes SERMADIRAS, PETIT, le fils SIMONET sont arrivés. Nous nous sommes concertés : quoi faire, où aller ? On voyait monter les camions, les automitrailleuses sur la route de Clermont, des coups de feu par-ci, par-là. On avait trop attendu pour aller loin, la ville était déjà cernée. Enfin, on longe le cimetière, on escalade un mur, puis on se camoufle dans les haies des jardins surplombant ceux de la Gendarmerie à d’environ 150 mètres de la caserne.

Là, nous avons rencontré l’Adjudant-Chef BERNOT, l’Adjudant PARIS et le gendarme LEVAT. De ce point élevé, on apercevait les blindés entrant à l’intérieur de la ville. De toute part, on entendait des coups de bottes dans les portes des maisons, des coups de feu dans les serrures pour les faire sauter. Enfin un vacarme indescriptible.

Toujours cachés dans les feuillages, tout le monde était inquiet de savoir ce qui se passait. Soudain, une dame de la Barrusie venue dans son jardin nous apporter quelques renseignements (car les femmes avaient le droit de circuler en ville), nous dit que tous les hommes de 16 à 60 ans étaient ramassés par les Allemands. Nous l’avons chargé de se rendre à la caserne pour prévenir nos familles que nous étions là. Mais impossible, la caserne était occupée par la Feldgendarmerie et ne laissait entrer personne. Enfin, une partie de la journée se passe et toujours la même inquiétude, on reste blottis dans la haie des jardins.

Vers 15 heures, après nous être concertés, nous avons décidé de rentrer à la caserne, pensant que nos familles étaient anxieuses de ne pas savoir où nous étions. En file indienne, le Chef CONCHONNET, les gendarmes SERMADIRAS, PETIT et moi-même sommes descendus à pas de loup par l’escalier du jardin et avons escaladé la fenêtre de la maison du Chef CROUSILLAC. Ce dernier nous dit « Allez-vous en vite, vous allez vous faire fusiller, les boches sont encore là ». En face de telles menaces, nous avons repris le même chemin et sommes revenus dans jardin. Un moment après, Mme SERMADIRAS ayant appris que nous étions là, est venus nous implorer de revenir à la caserne, qu’il ne nous serait certainement rien fait. Après un moment d’hésitation, nous avons pris la ferme résolution de rentrer. Arrivés sur le perron de la caserne, il y avait trois auxiliaires de la Feldgendarmerie. L’un d’eux, un gradé, (adjudant je crois) dit à un jeune « il faut les conduire devant un officier à l’Hôtel Moderne ». Là, seul l’Adjudant-Chef CONCONNET fut interrogé assez brièvement d’ailleurs par un capitaine allemand, parlant couramment le français. Ensuite, il nous a fait conduire, toujours par le même gendarme allemand, vers la Manufacture.

Après avoir passé le Pont de la Barrière, dans la rue Victor Hugo, on apercevait des vitrines de magasins brisées par les balles, des maisons avaient même reçu des coups de canon. Enfin, tout le long de cette rue, il y avait des amas de débris de verre, de fils téléphoniques ou électriques épars sur les trottoirs, enfin un vrai désastre. La brute qui nous conduisait tout le long du Chemin nous faisait signe de marcher toujours plus vite, c’est juste si on ne marchait pas au pas de gymnastique. On ne savait pas au juste où on allait. Arrivés dans l’avenue de la Gare, aussitôt après la pharmacie LAPORTE, nous avons aperçu des hommes ne donnant plus signe de vie, pendus aux devantures des diverses maisons ou magasins. Nous avons tout de suite pensé que le même sort nous était réservé. Le boche qui nous escortait s’exprimant à peine en français, d’un air narquois, nous dit : « Ici, catastrophe » ! Nous avons même dit entre nous, « c’est comme si nous avions la corde au cou. Nous sommes perdus, mais il ne faut pas flancher, il faut mourir en Français ! »  

Nous arrivons enfin place de la Gare, là une foule de plusieurs milliers de personnes, les enfants de troupe, les jeunes des Chantiers de Jeunesse, des civils, des gendarmes du Lot (amenés comme otages par la Division « Das Reich »). Devant eux, une haie de soldats allemands. De part et d’autre, des mitrailleuses braquées sur la foule, prêtes à faire feu au cas où la foule aurait tenté de manifester. On nous arrête à côté des bourreaux qui, des cordes à la main, ricanaient, les manches retroussées jusqu’aux coudes, revêtus de combinaisons imitation peau de léopard, mettaient leur sinistre exploit à exécution. Des officiers debout dans leurs voitures découvertes dirigeaient les opérations.

Là, nous sommes restés une dizaine de minutes et enfin, un des officiers a dit à celui qui nous escortait de nous conduire dans l’enceinte de la Manufacture d’armes distante d’environ 200 mètres. Sur ce parcours, à toutes les devantures il y avait des hommes ou des jeunes gens pendus. Arrivés au pont de Souilhac, qui surplombe la Corrèze, un pendu à chaque poteau de calorifère. Un instant avant notre passage, l’un des martyrs n’ayant pas voulu se laisser pendre ou la corde ayant cassé au moment où on lui a enlevé l’escabeau, est tombé dans la rivière. Aussitôt les criminels se sont acharnés sur leur victime à coup de mitraillette, grenade, etc… Enfin, c’était un vrai carnage. Pour ma part, j’ai compté 17 pendus à la même devanture. Conduits dans la cour de la Manufacture, nous avons été mis avec des soi-disant condamnés à mort ou otages, composés de femmes, hommes, jeunes gens, gendarmes, militaires au nombre d’une centaine environ. Parait-il nous devions tous être fusillés. A un moment donné, un jeune prêtre de la Ville de TULLE (le connaissant seulement de vue) a voulu s’approcher pour nous parler. Mais aussitôt les sentinelles, l’arme à la main, se sont élancées vers lui, en criant « Raous! Raous! » et l’ont même menacé. L’Abbé, d’un air malheureux, s’est retiré et nous n’avons pu communiquer avec lui.

Debout en plein soleil, nous sommes restés là de 17 h 30 à 21 ou 22 heures. Patiemment on attendait l’heure suprême, sans doute le moment n’était pas venu. A un moment donné, il y a eu relève des sentinelles. Parmi celles-ci se trouvait un adjudant-chef allemand s’exprimant assez bien en français. Il nous a demandé le motif de notre présence. Après lui en avoir donné les explications, il nous a dit : « Vous êtes des filous les gendarmes français ! » Mais enfin, il nous a certifié que nous ne serions pas fusillés. Il nous a un peu rassurés, mais encore l’espoir d’être libérés n’était pas grand.

Soudain, c’est-à-dire à la nuit, nous avons été conduits au centre de la Manu, dans les sous-sols d’un grand bâtiment destinés à être un abri de défense passive. A l’intérieur des abris, pas de lumière, obscurité totale. Celui qui nous conduisait, toujours l’adjudant-chef allemand, paraissait avoir un peu de sympathie pour les gendarmes (ceci se conçoit facilement puisque c’était un ancien douanier qui avait vécu pendant 5 ou 6 ans avec des gendarmes frontaliers français) nous a mis à part dans un local où se trouvaient 4 sommiers métalliques nus. Nous nous sommes immédiatement allongés. Les autres détenus n’avaient rien pour se coucher, ni pour s’asseoir. Ils étaient obligés de se coucher à même le ciment glacé. Au bout d’un moment, il faisait nuit noire, on nous a dit de sortir. C’était le Secours National qui avait fait apporter à manger. Deux grands plats de nouilles étaient mis à notre disposition. Sans pain, sans assiette, il n’était guère facile de manger. Du reste, le tout a été remporté presque intact puisque personne n’était bien affamé après avoir passé une si pénible journée. C’était plutôt la soif qui terrassait tout le monde dans cette anxiété provoquée par les souffrances morales et physiques qu’on venait de subir. Après avoir bu chacun un quart d’eau, tout le monde a été reconduit dans son cachot.

Vers 23 heures, on entend encore les portes s’ouvrir. On se demandait si le moment de l’exécution n’était pas arrivé. C’était le Docteur POUZET de Tulle qui venait au chevet des malheureux camarades blessés dans le Lot par les hordes germaniques. Aussitôt, on a essayé de lier conversation avec ce brave Docteur, mais interdiction de parler. Enfin, le gendarme SERMADIRAS s’est offert à éclairer ce praticien pendant qu’il effectuait quelques pansements sommaires. Là, en patois, et à mots couverts, le docteur a été supplié d’intervenir en faveur de tous auprès de M. le Préfet et de Monseigneur l’Evêque, afin de nous faire libérer et que l’on ne soit pas fusillés. M. POUGET a promis de faire tout son possible. La nuit se passe normalement sans beaucoup dormir certes car dans ces sous-sols il faisait froid. Nul n’était trompé par le sommeil, pensant tant de choses et inquiets par la destinée du lendemain

Le 10 au matin, vers 7 heures, nous avons tous été conduits sous un hangar, toujours à l’intérieur de la Manufacture. Gardés militairement par plusieurs sentinelles avec interdiction formelle de converser avec qui que ce soit de passage dans la grande avenue de l’établissement. Vers 9 heures, les Chantiers de Jeunesse nous ont porté un peu de bouillon et des pommes de terre cuites à la robe des champs. Tout le monde a mangé suivant son appétit. Par moment, des groupes d’hommes de tous âges passaient en colonne par trois, se dirigeant vers la porte de sortie. On pensait qu’ils étaient libérés, ce qui nous donnait de l’espoir. Il n’en fut rien. Au préalable, ils doivent être triés et la plupart sont dirigés sur l’Allemagne.

Enfin midi arrive, personne ne s’occupe de nous en ce qui concerne notre libération. On est toujours dans l’attente et l’incertitude. Vers 13 heures, le Secours National nous fait porter à manger du pain avec de la confiture. L’adjudant-chef allemand dont j’ai parlé plus haut, qui nous surveille, nous a donné une boîte de pâté et quelques paquets de cigarettes. Je crois même que c’est ce dernier qui nous a dit que nous serions probablement libérés le soir même. La journée était longue, les heures étaient des semaines.

Vers 19 heures, un triage a été fait ; les civils d’un côté, les militaires et gendarmes du Lot, de l’autre et nous quatre à part. Ensuite, nous avons été conduits à proximité du bâtiment principal de réception de la Manufacture. Là, siège une sorte de commission composée uniquement d’officiers allemands au nombre de 4 ou 5, assistés de l’interprète WALTER. Dès ce moment-là, tous les gendarmes ont pu regagner leur caserne. A noter que le S.S. Walter a été arrêté par les résistants et fusillé à Lascaux, mon village. »

Pour lire d’autres témoignages faites par des personnes présentes à Tulle en 1944, aller sur la page d’accueil du site, cliquer sur « résistants » puis René Chaillet , cliquer aussi sur « archives » et chercher le témoignage d’un résistant membre du groupe Jean Robert à la date du 21 octobre 2012 ou l’anecdote rapportée par un jeune lycéen de l’époque à la date du 19 juin 2014.

Download PDF

Actions de Résistance du 2eme bataillon FTP en Corrèze

Ci-dessous le schéma d’implantation de la 5ème Cie FTPF au 1er avril 1944  (expliqué par monsieur Elie Dupuy, chez lui en juin 2002). N’hésitez pas à cliquer sur les noms surlignés en bleu pour en apprendre un peu plus sur les Résistants cités dans cet article!

2ème BATAILLON F.T.P.F. Mr DUPUY dit « Lucien » 

Sous ses ordres,

la 5ème Cie commandée par Pierre Guérin dit « Jo »

composée de plusieurs détachements dont

  1. Le détachement Jean Robert composé de 3 maquis, celui de Juillac, celui du Vaysse sur Vignols/Orgnac, celui de Pompadour.

La personne chargée de faire la liaison entre Jo Guérin et les trois camps du détachement Jean Robert était

  • Jean Boyer, dit « Olive». Il était originaire de la Dordogne, réfractaire au STO. Il avait reçu une formation à l’école des cadres FTPF à Fanlac, Montignac.

A/ Dans le maquis du Vaysse créé et installé par Jo Guérin avec le soutien de « légaux » de Vignols, Saint-Solve et Orgnac, sont passées des personnes venues de la France entière, voire de plus loinet arrivées sur Clergoux avant d’être réparties sur les différents camps :

B/ Dans le maquis de Juillac, la plupart des résistants étaient de la région,

  • La majorité d’entre eux désireux d’échapper au STO comme Roger Lescure dit « Charlot» de Vignols, Clément le beau-frère de Fernand Crouzillat, un des légaux très actif de Juillac, Jacques Pagnon,
  • D’autres, qui aidaient les maquis depuis leur installation dans ce secteur, obligés de se réfugier avec eux dans les bois début 1944 car «dénoncés» comme Henri Gounet dit « Ledur » ,..

C/ Dans le maquis de Pompadour sont passés

  • Des jeunes réfractaires corréziens au STO comme René Froidefond dit « Franco» ou « Justin » ; sergent-chef appartenant au commando de saboteurs du détachement Grandel puis instructeur pour le maniement des armes à Pompadour ou comme Mergnac , Careymat…
  • des militants communistes obligés de quitter leur lieu de travail et de se cacher comme Baptiste Touron dit « Michel » d’Objat (qui était avant avec Jo Guérin à Clergoux)

2. Les principales actions connues du détachement Jean Robert :

  • Nombreux sabotages sur la ligne de chemin de fer Paris/Toulouse, en dessous de Brive, (comme à Chasteaux) entre Allassac et Uzerche (Estivaux, Vigeois),
  • Blocage d’un train de viande à Vignols/ St Solve (1er avril 44), sabotage du dépôt SNCF le 2 mars 1944 à Brive, le train d’Ussac,
  • Attaque de gendarmeries pour récupérer des armes (Larche, Vigeois, Allassac…)
  • Attaque de Tulle les 7 et 8 juin sous le commandement de Roussel. La 235ème Cie est du côté de l’école normale pour libérer des prisonniers. Le retour dans les bois du Vaysse sera dramatique pour 3 résistants faits prisonniers au Bariolet commune de Perpezac le noir par la Das Reich, conduits à Uzerche devant Lammerding. Certains ont participé à l’attaque du pont de Cornil…
  • Libération de Brive côté pont de la Bouvie et sur les hauteurs de la ville le 14/15 août, libération de Tulle 17 août 1944. (Pour plus de renseignements sur ces actions,

( cherchez dans « historique » dans le bandeau de la page d’accueil du site pour plus de renseignements)

3La poursuite de la guerre pour les Résistants du détachement encore vivants et valides:

  • Dans le cadre du 126eme régiment d’infanterie de Brive sous la responsabilité de Michel Baluze dit « Mammouth », poursuite des occupants dans « la poche de Royan », camp de base à Port Richard pour la 235ème Cie dans le Médoc, à côté de la pointe de Grave puis pour ceux qui ont décidé de s’enrôler, jusqu’ en Allemagne. Parmi ceux de la 235ème Cie qui se battaient dans la boue à l’automne, Michel Touron, Roger Lescure, Henri Gounet, André Mérat, René Chaillet, ce dernier continuera jusqu’en Allemagne.
  • Avec le 100ème régiment d’infanterie de Tulle sous le commandement du lieutenant Buffon comme René Froidefond, Roger Reynal, René Rebière de Voutezac…

Michel Baluze, Pierre Guérin à Bordeaux en 1944.

.                                                 

Download PDF

Stèle Cariven 16 août 2024

Pour les 80 ans de la Libération de Brive par ses propres moyens,  monsieur Lascaux, maire d’Allassac, a organisé comme les autres années la cérémonie commémorative afin de ne pas oublier le sacrifice du lieutenant FTPF Jean Cariven, devant la « stèle Cariven » installée à proximité des lieux du drame. En plus de rappeler l’historique de la libération de Brive par les maquisards de l’AS et des FTPF, en particulier avec la 235ème Compagnie FTPF et la 23- 33eme cie FTPF à laquelle appartenait le lieutenant Cariven, compagnies qui bloquaient le pont de la Bouvie et le pont Cardinal, il a tenu cette année à mettre tous les résistants de cette dernière compagnie, originaires d’Allassac à l’honneur en demandant à un membre de leurs familles de les représenter, tenant la photo de leur père (grand-père) soldat.

Quelques photos faite par’une personne présente à la cérémonie:

 

A droite de certains des enfants de Résistants, le maire d’Allassac écouté avec beaucoup d’attention.

 

 

La fille de Jean Cariven, Françoise David, nous parle de ce drame douloureux qui l’a privée d’un papa dès sa tendre enfance.

 

 

Vous pouvez cliquer aussi sur les anciens articles à retrouver sur la page d’accueil en cliquant sur « archives » et en recherchant les articles publiés en août les années passées (par exemple: pour celui des 75 ans de la libération de Brive,cliquez ici)

Download PDF

4 août 1944, le Vigeant, Vienne

En traversant le bourg de Le Vigeant, dans la Vienne, non loin de l’Isle Jourdain, votre attention se porte sur un emplacement aménagé à côté du cimetière de ce village où se trouve un mémorial sur lequel est écrit « Ici sont tombés nos martyrs ». Une colonne de SS de la Wehmacht, accompagnée de miliciens, est venue incendier le bourg du Vigeant l’après-midi du 4 août 1944.

Ci-dessous une photo prise de la plaque explicative installée à proximité:

Accrochée au mur, une plaque avec les noms de 40 victimes de ce massacre:

Dans la colonne de gauche, nous y voyons le nom d’une petite fille de 14 mois, Renée Pérot. De quel « crime » pouvait elle être coupable? Dans celle de droite, nous ne pouvons que constater que le premier FFI n’avait que 18 ans et le plus vieux 26.

A la sortie du bourg, en direction de l’Isle Jourdain, vous passez aussi à côté d’une stèle portant l’inscription « Ici sont morts pour la france 5 FFI ».

Pour en savoir plus sur ce massacre et l’incendie du village, voir des photos prises peu après sur le site de la mairie du Vigeant. Pour en savoir plus sur les victimes de ces atrocités, voir le site du Maitron.

Download PDF

Robert VALERIE

Nous tenons à porter à votre attention la disparition d’un des derniers Résistants corréziens, Robert Valérie.

Ses obsèques civiles ont eu lieu au cimetière de Donzenac le mercredi 12 juin 2024. Il était dans sa 102 ème année d’une vie bien remplie et dynamique.

Lors de la permission accordée aux jeunes hommes de son camp de Chantiers de jeunesse, il décide de ne pas y retourner et se retrouve donc « hors la loi ». Il part se réfugier chez sa soeur à Saint Pardoux l’Ortigier (19) et, avec d’autres jeunes de la commune, il se rapproche d’un groupe de maquis qui ont organisé un camp à Moulzat, commune de Chanteix.

Il a, à ce titre, participé aux actions du deuxième bataillon FTPF en Corrèze. (voir livre d’Elie Dupuy, « Le parcours d’un « terroriste » ordinaire » et le livre « Maquis de Corrèze »)

Jusqu’au bout, il a prôné l’intérêt du devoir de mémoire envers les jeunes et assistait en particulier aux cérémonies commémoratives à la stèle de Moulzat, l’oeil vif et attentif. La preuve en photos!

Robert Valérie, (102 ans) invité de choix, lors de l‘AG de mars 2024 à Saint-Mexant au côté de Bernard Delaunay, président ANACR 19, Patrick Bordas, maire de Saint-Mexant, et les trois co-présidents du comité ANACR local.

Robert Valérie, le 27 mai 2024, lors de la cérémonie à la stèle de Moulzat. (photos S. M.)

Un film a été fait sur la vie de Résistant de Robert Valérie par Odile et Bernard Delaunay, Anacr corrèze.

 

 

Download PDF

Orgnac 1944/ 2024

Rappelons-nous les événements qui se sont déroulés en juin 1944 sur la commune d’Orgnac sur Vézère: cliquer ici 

CEREMONIE COMMEMORATIVE POUR LE 80ème ANNIVERSAIRE DU 18 JUIN 1944

Place de l’Eglise

Mardi 18 juin 2024

à 10 heures

 Organisée par la Municipalité d’ORGNAC-SUR-VEZERE et le Comité  ANACR d’Objat.

Un hommage sera rendu aux stèles de la Chapoulie et de la Rivière.

 A l’issue de la cérémonie un repas est organisé à la salle Polyvalente « Paul Comby »

Download PDF

Il y a 80 ans, avril 1944 dans le Vaysse

La traditionnelle cérémonie commémorative du premier dimanche d’avril a bien eu lieu à la Garédie, commune de Vignols, le 7 avril 2014 grâce à la mairie de Vignols, maître d’oeuvre, avec la participation active du comité ANACR secteur d’Objat, en présence de nombreux élus, maires, conseillers départementaux, sénateur et de monsieur le sous-préfet de Brive. Devant la stèle de la Résistance, voulue et créée par les Anciens Résistants du secteur, après le dépot de la gerbe offerte par notre comité, madame Jarrige, trésorière du comité anacr Objat a lu la trop longue liste des patriotes liés à ce coin du Vaysse, morts pour la France (liste ici). Monsieur Ponthier, président du comité anacr secteur d’Objat, a remis en mémoire à la nombreuse assistance, les faits qui ont eu lieu début 1944 sur cette commune et les communes voisines d’Orgnac, de Voutezac et de Saint-Solve. Enfin, Madame Souzy, maire de Vignols, a fait un discours très écouté.

Notons aussi que le chant des partisans a été jouée à la cornemuse, chantée par la chorale de Vignols qui a aussi interprété la Marseillaise.

Merci aux 12 porte-drapeaux toujours fidèles à ce rendez-vous.

 

 

 

Download PDF

2014; 2024

En octobre 2014, l’ANACR Corrèze a eu le privilège de participer activement, salle des trois provinces à Brive, au congrès national de l’ANACR.

A cette occasion, une carte postale a été éditée. Voir ci-dessous:

On constate que le congrès a commencé le 10/10/2014 à 9h, tampon de la Poste faisant foi! 

Sur cette carte postale, on voit Germain Auboiroux et Edmond Michelet, pionniers de la Résistance dès 1940, Résistants- Déportés. Le timbre rappelle le souvenir des 99 pendus de Tulle le 9 juin 1944.

Pour en savoir plus sur la tenue du congrès de 2014, chercher le terme « archives » à droite de la page d’accueil et chercher 10, 11, 12 octobre 2014 pour voir quelques photos de ces trois jours intenses et enrichissants.

Download PDF

communiqué du bureau national de l’ANACR

Pour clore l’année 2023, nous vous mettons ci-dessous le communiqué du bureau  national de l’ANACR, intitulé : POUR UNE PAIX JUSTE AU PROCHE-ORIENT                                                                                                                                                                      » Le 7 octobre, la meurtrière attaque menée par le Hamas contre des camps militaires et des kibboutz du sud d’Israël, y tuant des militaires et y assassinant – parfois de manière particulièrement barbare – des centaines de civils, hommes, femmes, enfants et vieillards, et en prenant en nombre des otages, a initié le dernier épisode d’un conflit vieux de plusieurs décennies.

Il y a 75 ans, dans la Palestine peuplée selon les appellations d’alors de 66% d’Arabes et de 34 % de Juifs, l’ONU décida le 29 novembre 1947 d’y créer un Etat juif (sur 47% du territoire), un Etat arabe (45,53%) et une zone internationale autour de Jérusalem. Les organisations juives acceptèrent le plan et proclamèrent la naissance de l’Etat d’Israël le 14 mai 1948, les Palestiniens et les Pays arabes le refusèrent et entrèrent en guerre contre Israël ; lequel, sa supériorité militaire tactique et technologique lui ayant donné la victoire, prit le contrôle de… 77% du territoire de la Palestine ! L’Etat arabe palestinien ne vit pas le jour…

Plusieurs centaines de milliers de Palestiniens furent chassés alors de leurs terres et de leurs maisons, notamment par des massacres et la crainte qu’ils inspirèrent, et allèrent s’entasser dans des camps de réfugiés à Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie, au Liban, en Syrie. Où viendront les rejoindre en 1967 ceux qui, parallèlement à celle du Sinaï égyptien jusqu’aux rives du canal de Suez, et à celle du Golan syrien, fuiront, à l’issue de la «Guerre des Six jours», l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza par les forces israéliennes, militairement victorieuses ; comme elles le furent toujours depuis 1948 et jusqu’à aujourd’hui dans tous les conflits opposant Israël aux Pays arabes et aux organisations nationalistes palestiniennes.

Comme cela avait déjà été le cas en 1956, quand, se joignant aux agresseurs britanniques et français contre l’Egypte venant de nationaliser le canal de Suez, Tsahal, l’Armée d’Israël, en avait à travers le Sinaï atteint les rives, ne stoppant sa participation à l’agression que sous la pression conjointe américano-soviétique. Comme ce sera le cas à nouveau en octobre 1973, à l’issue de la Guerre dite «du Kippour» après qu’une contre-offensive ayant permis à nouveau à Tsahal de franchir le canal de Suez, celle-ci ne dut s’arrêter que sous la pression américaine, à… 101km de la capitale égyptienne, le Caire ! Sur le Golan, l’arrêt de la contre-offensive de Tsahal, à… 40 km de Damas, la capitale syrienne, fut imposé par le Conseil de sécurité de l’ONU.

Et, en juin 1982, dans la continuité de son opération «Paix en Galilée» l’ayant conduit à pénétrer au sud du Liban, Tsahal poursuivit son invasion, entrant dans Beyrouth, la capitale libanaise, y couvrant un massacre par ses alliés des milices chrétiennes de milliers de réfugiés palestiniens dans les Camps de Sabra et Chatila ; Tsahal ne rapatriera en Israël l’essentiel de ses troupes qu’en 1984, certaines restant d’ailleurs au Liban-sud jusqu’en 2000.

Depuis 75 ans en effet, au-delà de diatribes hystériques heureusement impuissantes émanant de Palestiniens ayant appelé à «jeter les Juifs à la mer», diatribes que les dirigeants israéliens et leurs soutiens y compris médiatiques ne manquent jamais de rappeler pour justifier les opérations militaires menées par Israël, le problème n’a jamais été celui – plus que virtuel, inatteignable au vu des rapports de force et des réalités stratégiques – de la destruction d’Israël. Mais au contraire, celui qui est récurrent et très concret, est la non-construction de l’Etat palestinien pourtant prévu par l’ONU, que la colonisation israélienne de toute la Cisjordanie, qui se poursuit – certains ambitionnant de pousser les Palestiniens au-delà du Jourdain ou dans le Sinaï – empêche d’être mis en place. Ce qui s’oppose à la solution à deux Etats, Israël et Palestine, et ne peut que générer à terme de nouveaux conflits, de nouveaux drames comme celui que nous connaissons actuellement.

Notre condamnation des crimes barbares commis dans le sud d’Israël le 7 octobre 2023 sur des civils israéliens par des terroristes du Hamas en motocyclettes, parapentes et 4x4Toyota, qui firent plus de 1200 victimes, ainsi que des tirs à l’aveugle de roquettes sur les villes israéliennes, est totale. Comme est totale notre condamnation des crimes de masse commis depuis près de deux mois par les unités régulières de Tsahal dotées de blindés lourds Merkava, de canons automoteurs de 155 à 203mm, d’avions F15 et F16, de corvettes et frégates Saar, qui ont déjà broyé indistinctement sous leurs bombes, missiles et obus plusieurs dizaines de milliers de civils Palestiniens de la Bande de Gaza, hommes, femmes, vieillards, enfants et bébés, tués ou gravement blessés, en ravageant des dizaines de milliers d’habitations civiles, d’équipements sanitaires, scolaires, culturels, énergétiques, d’approvisionnement alimentaire…                                                                      

Comme nous condamnons aussi les crimes commis contre les civils palestiniens de Cisjordanie depuis plusieurs décennies, et jusqu’à aujourd’hui de manière renforcée à la faveur des événements de Gaza, par Tsahal et ses supplétifs colons, lesquels – fut-ce en utilisant leurs propres enfants comme «boucliers humains» pour couvrir leur prédation colonisatrice – ne sauraient prétendre par là-même au statut de «civils» dans les territoires occupés illégalement par Israël en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, afin de continuer à y voler les maisons et les terres des Palestiniens, en en faisant de nouveaux réfugiés ; ce qui, si cela se poursuivait, ne pourra que susciter à terme une nouvelle «intifada».

Notre pays, la France, patrie des Droits de l’homme, doit tout faire pour arrêter le massacre des populations civiles, pour que les criminels de guerre, qu’ils soient palestiniens ou israéliens, soient arrêtés et déférés devant la Justice internationale compétente, afin d’y être sanctionnés de façon conséquente. Ce qui implique aussi que notre pays ne saurait s’aligner de manière unilatérale comme trop souvent sur les discours médiatiquement hégémoniques mettant en avant le seul droit d’Israël à se défendre pour assurer son existence nationale, en occultant pour ce faire le droit des Palestiniens à faire de même pour assurer la leur dans un Etat dont la co-légitimité a été, conjointement à celle d’Israël, affirmée par l’ONU dès 1947 et dont la concrétisation reste à imposer ; ce à quoi notre pays, membre permanent du Conseil de sécurité, se doit de contribuer à ce qu’elle le soit au plus tôt. Ce qui implique en premier lieu un cessez-le-feu immédiat et durable à Gaza, permettant de plus le ravitaillement alimentaire et sanitaire d’urgence de sa population martyre. 

Réaffirmons en cette fin 2023 qu’une Paix – juste – au Proche-Orient ne peut, pour être durable, que passer par la création de l’Etat Palestinien à côté de celui d’Israël, les frontières des deux Etats étant reconnues et garanties internationalement. Elle est une exigence des peuples !

L’ANACR Le 7 décembre 2023″

Download PDF