Colette Pascarel née Boutot

Yves Ponthier, co- président du comité ANACR-Objat, a recueilli les souvenirs de jeunesse, sous l’ Occupation, de madame Pascarel. Ci-dessous la retranscription de cet enregistrement, faite par Alain Dargery, secrétaire du comité:

 » A Juillac, la 1ere  classe était mixte ; nous étions une trentaine d’élèves. Ensuite, les garçons allaient à l’école à la Mairie. Il n’y avait pas de cantine ; les enfants des villages venaient à pied, avec leur gamelle et leur bûche de bois en hiver. Arrivés en classe, l’enseignante vérifiait la propreté des mains, des oreilles et des cheveux, à la recherche de poux.  

Nous avions à l’école des réfugiés Polonais, Juifs, Espagnols, Italiens qui étaient arrivés en 1939. Je ne me souviens pas d’arrestation de Juifs à Juillac. La vie à l’école était différente de ce qu’elle est aujourd’hui : Leçon de morale, instruction civique, respect des enseignants. Il y avait les travaux pratiques. Les filles apprenaient la couture et la cuisine, les garçons, le jardinage et le bricolage.  Je me rappelle d’un canevas que nous avions fait pour la fête des mères nouvellement créée. 

Nous faisions un exercice militaire avec un bâton en guise de fusil ; garde à vous, présentez arme etc. On nous avait demandé de faire une lettre à Pétain ; j’avais fait la vitrine de mes parents. Nous chantions « Maréchal, nous voilà ». Ces directives nationales, étaient relayées par la Mairie. [Monsieur Laplanche, ancien instituteur, a publié un livre dans lequel il recense tous les conseils municipaux de Juillac depuis 1789.]

Un portrait du Maréchal, figurait à la mairie comme aujourd’hui celui du président en exercice. De même, au collège, un portrait du maréchal était suspendu à l’entrée du bureau de la directrice. J’avais 13 ans en 1944. J’ai été élève au collège d’Objat du 1er octobre 1942 jusqu’à juillet 1950. Il y avait un concours d’entrée en 6 éme puis un examen pour l’obtention d’une bourse. La tenue vestimentaire était uniforme : Tailleur avec jupe Bleu marine, chapeau type Charles Trenet ; à un moment, nous avions une grande capeline.

La Directrice était Madame Crouzillat. Je me souviens d’une nuit où elle a été contrainte de faire visiter les dortoirs par 2 hommes qui vérifiaient qu’il n’y avait pas 2 personnes par lit; ils étaient à la recherche de juifs cachés. Une autre fois, un avion a survolé le collège à très basse altitude ; quelques minutes plus tard, on a entendu une explosion. Je suppose qu’il s’agissait de l’avion qui s’est écrasé près de Varetz. En 1945, un prisonnier Allemand a été affecté au collège. Il s’occupait entre autres du chauffage au charbon ; il comprenait assez bien le Français. Le Chauffage était souvent en panne. Nous allions prendre la douche chez Dumont ; l’eau était froide….

Le jour du débarquement, le collège nous a libérés. Durant l’été 1944, en vacances à Pierrefiche, j’ai eu la peur de ma vie, je gardais les vaches avec mon cousin. Une Jeep Allemande s’est arrêtée ; nous étions cachés derrière une haie. J’ai attrapé le chien et l’ai tenu afin qu’il n’aboie pas. Je me suis dit : s’il aboie, ils vont tirer. Les Allemands sont repartis et, de peur, nous avons regroupé les vaches et sommes rentrés.

Les Allemands sont venus une fois à Juillac ; ils sont restés une journée à la gendarmerie. Le Maire Monsieur Boucher a été sollicité. Prévenus, nous étions partis. A  ma connaissance, il y a eu d’autres passages de véhicules Allemands mais pas d’autres stationnements. Une autre fois, nous descendions de la Bachellerie ; nous voyions une traction arriver au loin ; de peur, nous nous sommes enfuies dans un champ de pommes de terre qui bordait la route. La traction s’est arrêtée ; en sont descendus des maquisards qui nous ont rappelés et nous ont dit : « surtout, ne faites jamais ça, pour les allemands, c’est un signe de culpabilité . ils vous auraient tirés comme des lapins. »

A la maison, nous participions aux travaux du quotidien comme tous les enfants à cette époque : les cochons, les poules, les lapins etc. Je n’ai pas souvenir de camps de jeunesse mais il y avait « les compagnons de France » ; ils passaient dans les villages, organisaient des feux-de-camp, nous faisaient chanter.

En 1944, Jacques Pagnon s’est blessé accidentellement avec une mitraillette ; il a été soigné à Clairvivre mais n’a pas survécu. A Clairvivre, j’ai été soignée pour une typhoïde. Mon père y avait l’adjudication pour la livraison de pain. Plus tard, c’est mon oncle qui a créé la boulangerie. Cet hôpital de Clairvivre a joué un rôle très important. J’y ai vu des couloirs encombrés de malades. Un bus venait de Limoges et un autre de Brive pour transporter des malades. J’étais à Clairvivre chez mon oncle lorsque la poudrerie de Bergerac a été bombardée. La déflagration a été entendue jusque-là ; les carreaux de l’hôpital tombaient.

J’ai connu 3 jeunes réquisitionnés pour le STO : Fernand Boutin, Jeannot Pascarel ; j’ai oublié le nom du troisième. Jeannot Pascarel a été tué le jour de la libération par une balle perdue à Mulhouse ; il faisait partie d’une famille de 11 enfants ; leur maison était près du monument aux morts de Juillac. Je n’ai pas eu connaissance de prisonniers libérés au titre de la relève prônée par les autorités pour justifier le STO. J’ai connu un autre jeune qui a refusé le STO : Jeannot Marco, et bien d’autres dont j’ai oublié le nom. Ils ont rejoint le maquis ou se sont cachés dans de la famille éloignée. Nous connaissions les gars qui étaient dans le maquis. Je me rappelle des sacs de pain qui quittaient la boulangerie la nuit. 

Nous écoutions la radio de Londres pendant le couvre-feu. Avant la guerre, nous avons écouté Hitler ; le discours de Munich. Je me rappelle de sa voix.  Nous achetions le journal et à la mairie étaient affichés les édits municipaux mais aussi les directives de Pétain. On connaissait l’existence du Maquis au Pont Laveyras. Nous connaissions les deux frères Delage : Robert a été tué sur place ; Jean qui était commis chez nous est mort en déportation.

Il y a eu des parachutages du côté de La Bachèlerie. C’est peut-être en rapport avec les armes que j’ai découvertes un matin dans l’escalier de la maison. Le bruit courait qu’ avant 1942, un Allemand aurait été tué par le Maquis et jeté dans un puits et une autopsie a été ordonnée en présence des Allemands, le Maire, le Garde Champêtre, et les gendarmes… Le garde champêtre diffusait les nouvelles ; il attirait les habitants avec son roulement de tambour et débutait par : « Avis à la population »

Il y avait des bals clandestins les dimanches après-midi, dans des granges isolées. Il y a eu beaucoup de prisonniers dont j’ai oublié le nom, hormis René Dumas dont la mère a fait confectionner par mon père une tourte dans laquelle était dissimulé un tube d’aspirine contenant un plan ; il est revenu comme ça. J’étais à l’école avec les filles du Juge de Paix. Arrêté, il s’est évadé mais n’est pas revenu à Juillac ; il s’est réfugié à Salat.

On a connu aussi un monsieur qui faisait du marché noir ; il achetait des produits dans les fermes et les revendait on ne sait où. Il demandait de l’argent aux femmes dont le mari était prisonnier, se faisant fort de les faire libérer ; finalement, il a été arrêté. Les tickets de rationnement étaient de trois sortes : petits, ados, adultes. Maman délivrait le pain au regard des tickets qui lui étaient présentés. Il était difficile de tricher car la farine était contingentée. Tous les mois, mes parents allaient à la préfecture régler les comptes. Ils avaient droit à un nouveau contingent de farine en fonction des tickets qu’ils présentaient. Les réfugiés étaient traités de la même façon que les Juillacois. Je crois que c’était la mairie qui délivrait les tickets aux habitants.

 A l’époque de la libération de Brive, un camion d’Américains est passé à Juillac. Ils nous ont distribué des chewing-gums, un paquet de Camel et une orange. Madame Lapouge notre voisine, épicière, a été internée dans un camp à Brive. Nous n’avons jamais connu les raisons de son arrestation. Elle ne faisait pas de marché noir. Elle a sûrement été dénoncée par quelqu’un de malveillant. Un épicier dont la boutique était près de la pharmacie, refusait de donner des victuailles aux maquis ; ces derniers sont venus et ont dévalisé la boutique. Le slogan appliqué était : « Taisez-vous, méfiez-vous, les murs ont des oreilles ».

A cette époque, un train surnommé « le Tacot » passait à Juillac. La maison située à droite dans le virage à la sortie de Juillac en direction de Rosiers est dans un style très différent des autres maisons ; c’était la gare. La Saint Mesmin, le 29 mai se tenait en bas avec les manèges et les forains ; en haut le comice agricole. Le premier dimanche d’Août, avait lieu la Fête. »

 

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Un gendarme à Tulle en 1944

Nous vous proposons ci-dessous le récit du gendarme Chastaing, en poste à Tulle en juin 1944. Sa famille a donné son témoignage se présentant sous forme de 9 feuillets dactylographiés à monsieur Ponthier, co-président de l’anacr-Objat . Monsieur Dargery, secrétaire du comité en 2024, les a scannés et remis en forme. Merci à tous.

Témoignage du gendarme Chastaing

« Depuis plusieurs jours une sorte de rumeur planait sur la Ville de TULLE, que les FFI allaient attaquer la garnison allemande. Celle-ci était cantonnée à l’école de Souilhac (Tulle Sud) et à l’Ecole Normale de Jeunes Filles, rue de Bournazel, non loin de la Préfecture. L’effectif pouvait être de 250 à 300 Sous-Officiers et soldats. Ils étaient armés de mitrailleuses, fusils-mitrailleurs, grenades, mitraillettes et fusils. 

En effet, cette rumeur est fondée. Le 7 au matin, vers 4 heures, les patriotes au nombre de 1 000 à 1 200 environ, venus d’Egletons, de Clergoux etc. cernent la ville de Tulle. Ils ouvrent le feu avec des mortiers et des armes automatiques. L’attaque est particulièrement dirigée contre l’Ecole Normale ; plus d’une centaine de waffen S.S Géorgiens ou Allemands se défendent avec acharnement. Par les issues des premier et deuxième étage, ils ripostaient coup par coup, mais sans résultat. Le bâtiment était très encaissé, bordé de buissons et d’un grand mur de clôture, d’une hauteur de 2 à 3 mètres. Il était très facile aux FFI d’approcher maison par maison sans se trouver sous le feu de l’ennemi.

Des fusils-mitrailleurs étaient placés dans toutes les ruelles allant vers l’école. D’autres étaient installés dans les maisons les plus proches et par les fenêtres de celles-ci, de telle sorte qu’il est impossible à l’ennemi de fuir sans se trouver dans l’axe de tir des F.M. Bientôt, les carreaux des fenêtres de l’Ecole étaient brisés par les balles. Les mortiers postés en face à 200 ou 300 mètres, tiraient sans arrêt et à force, dans l’après-midi, l’immeuble a commencé à prendre feu sous l’effet de la canonnade. Mais l’ennemi fanatique ne se rendait pas pour autant ; se tenant toujours sur la défensive en se retirant dans les sous-sols de l’établissement. Enfin, la journée passe sans avoir obtenu de résultat. Le calme revient un peu, les coups de feu sont moins nombreux. Toutefois l’Ecole est bien gardée de façon à empêcher les fuites. D’autres patriotes tiennent en respect l’ennemi se trouvant à l’Ecole de Souilhac de façon qu’il ne puisse pas venir porter secours à ceux qui seront bientôt obligés de mourir ou de se rendre.

Enfin la nuit arrive, le bâtiment flambe mais lentement en raison de sa construction récente et du manque de meubles ou objets inflammables à l’intérieur. Le toit du côté nord avait commencé à s’effondrer.

Le 8 au matin, à l’aube, l’attaque reprend son intensité, de tous les côtés, rafales et crépitements des balles ; on se croirait sur un vrai champ de bataille. Nul ne peut sortir sans risquer la mort.

Vers 10 heures, sans pouvoir plus préciser, des éléments FFI se sont présentés à la caserne pour demander des munitions, les leurs étant épuisées. Ils ont emporté le nécessaire et ont affirmé que l’attaque tirait à sa fin, l’ennemi étant obligé de se rendre par suite de la destruction totale de l’Ecole sous l’action feu. En effet, le toit de l’immeuble complétement effondré, les pans de mur ravagés par l’incendie s’écroulent obstruant les ouvertures des caves et sous-sols, obligeant ainsi l’ennemi à sortir ou à périr

A un moment donné des soldats ont tenté de s’enfuir côté sud-est, mais ils ont été aussitôt abattus. D’autres au nombre de 7 je crois, dont le sinistre WALTER, ont profité d’un moment d’inattention pour escalader le mur du parc côté sud et se sont enfuis à travers champs.

Toujours dans l’après-midi, sans pouvoir préciser l’heure, une quarantaine de soldats sont sortis de la cour de l’Ecole, arborant un drapeau blanc, faisant mine de se rendre. Arrivés à proximité du FFI posté avec son FM à un carrefour à une trentaine de mètres de l’école, l’un des soldats ennemis a lancé une grenade ou tiré une rafale de mitraillette dans la direction du patriote, sans l’atteindre.

Au même instant, témoins de cet acte de lâcheté, les patriotes postés avec leurs armes automatiques dans les maisons environnantes, ont déclenché le feu sans pitié sur ces traitres qui ont montré leur barbarie jusqu’à la mort. Sans exception, ils ont tous été fauchés, criblés de balle à bout portant.

Aussitôt après, une cinquantaine de soldats se trouvant encore dans l’Ecole ou dans le parc attenant sont rendus. Désarmés aussitôt, ils furent conduits en ville les bras en l’air. La bataille était gagnée pour les FFI en ce qui concerne Tulle Nord.

Dans la soirée, les prisonniers furent conduits au cimetière, où malgré imploration, paraît-il, ils furent tous fusillés.

Pour nous, la Gendarmerie, tout le monde était resté à son poste. Le Capitaine BATTU faisant fonction de Chef d’Escadron nous avait rassemblés le matin dans la cour derrière la caserne, en ordonnant de n’obéir qu’à ses ordres. Le gendarme, vieux soldat qui a prêté serment de n’obéir qu’à ses chefs n’a pas bronché. A partir de ce moment, le Capitaine BATTU nous a abandonnés craignant sans doute des représailles de la part des FFI et personne ne l’a revu. Le commandement incombait donc à notre Commandant de Section, le Capitaine LAVIE. Après entente avec ce dernier et les FFI, nous avons remis tout notre armement et munitions aux FFI, qui au préalable ont tiré quelques rafales de mitraillette à la façade principale de la caserne sous forme de simulacre d’attaque. Simplement les carreaux des fenêtres du couloir central du bâtiment ont été brisés par les projectiles. Pour nous tout semblait être fini. Rien ne laissait prévoir la triste journée du lendemain.

Vers 18 ou 19 heures, avec le Gendarme MAZELLE nous nous sommes rendus à l’Ecole Normale. Arrivés dans la rue du Trech, en face de la boucherie FLOIRAT, nous avons aperçu un soldat allemand tué sur le trottoir, son casque ayant roulé à quelques mètres de lui. Une énorme flaque de sang avait coulé dans le ruisseau. A une vingtaine de mètres plus haut, en face du coiffeur LORTHOLARIE, un autre cadavre gisait sur le bord de la chaussée. Enfin nous arrivons rue Henri de Bournazel où 38 corps, pêle-mêle, étaient étendus sur le côté droit de la rue. Ils portaient des blessures béantes d’où le sang coulait encore.  L’horreur de la guerre avait fait son apparition. La plupart des cadavres avaient été dépouillés de leurs bottes, même de leurs alliances, paraît-il. Après cette horrible vision, car il faut le dire, même que ce soient des ennemis, on doit « respecter les morts », nous sommes rentrés à la caserne. A notre arrivée, les brigades externes qui étaient repliées à Tulle ont reçu l’ordre de rejoindre leur résidence.

Donc, il ne restait plus que la Brigade de Tulle. Le calme régnait dans le quartier. Au sud de la ville c’est à dire vers Souilhac, la fusillade continuait, mais tout le monde le trouvait normal puisqu’à l’Ecole de Souilhac, il y avait toujours de la résistance, l’ennemi ne voulant pas se rendre.

A la tombée de la nuit, de nombreux coups de feu étaient tirés vers la cathédrale. Certains bruits avaient couru qu’une automitrailleuse allemande avait parcouru la ville. Nul n’y a prêté attention, on se croyait bel et bien libérés.

La nuit arrive, le Capitaine LAVIE qui couchait au bureau pour parer à toute éventualité le cas échéant, donnait l’ordre de monter la faction dans la cour et de se remplacer toutes les 2 heures, ceci pour ne pas accentuer la fatigue de la veille. La garde devait être prise en arme (car sur ordre d’un chef des FFI,1partie de l’armement avait été rendue).

La faction a commencé à 22 heures, de deux heures en deux heures. Pour mon compte, avec le Maréchal du logis-chef CROUSILLAC, je devais prendre de 4 h à 6 h. On devait relever les gendarmes FOUQUET et LAPORTE. Jusqu’à cette heure rien d’anormal, si ce n’est que le gendarme LAPORTE nous a dit avoir entendu un bruit de moteur d’avion durant toute sa faction. « Les Anglais ont dû parachuter quelque chose cette nuit », nous a-t-il dit. En effet, aussitôt la prise de notre service, nous avons entendu des bruits de moteurs sans arrêt. Tout d’abord nous avons bien cru à un ronflement provoqué par l’aviation.

A six heures précises, le 9 juin, au moment où nous devions être relevés, mon camarade CROUSILLAC me dit : « ce ne sont pas des avions ! on dirait que ça change de vitesse ». Le bruit semblait s’approcher vers nous. Ma curiosité me pousse à ouvrir la porte d’entrée donnant sur la rue de la Bastille.Je regarde vers la ville. A ma grande stupéfaction, j’aperçois au fond de la promenade en face des pompes funèbres, deux automitrailleuses allemandes venant vers nous. Dans la première, un officier casqué, les armes à la main.

Je referme aussitôt la porte à clef et je dis à mon camarade CROUSILLAC « Nous sommes perdus, les boches sont là « . Il y avait de quoi avoir peur avec ce qu’il s’était passé la veille. Pendant que le Chef CROUSILLAC s’est mis au pas de course, je vais au bureau pour prévenir de cette mauvaise aventure le Capitaine LAVIE couché dans une pièce à côté. La consigne était de ne laisser entrer personne sans l’ordre du Capitaine. J’arrive au bureau des brigades où se trouvaient plusieurs gendarmes couchés ou en train de s’habiller. Affolé, je leur dis « les boches sont là ! ». Je passe par le couloir qui donne accès aux bureaux et à la chambre du Capitaine. Pas encore arrivé en face de cette dernière, une rafale de mitraillette ou fusil mitrailleur était tirée sur la façade de la caserne où le fils du chef CROUSILLAC, âgé de 15 ans, a été blessé par balle à la tête dans sa chambre. Sous l’effet de ces coups de feu, tout le monde a été sur pied et les hommes s’enfuyaient par les toits, sur le derrière du bâtiment encaissé et gagnaient les jardins, car tout le monde pensait que la dernière heure avait sonné.

Pour moi, j’ai escaladé la fenêtre du rez-de-chaussée du couloir donnant dans la cour de derrière et de là dans le jardin. Là, j’ai rencontré plusieurs de mes camarades, les uns ont longé le jardin de l’Evêché, et de là en traversant la route de Limoges, ont gagné les bois. Ils m’ont invité à les suivre, mais je m’y suis refusé, ne voulant laisser ma femme et mon fils. Je suis resté seul un instant, ayant aperçu les dames du 3ème étage par les fenêtres du couloir, j’ai appelé plusieurs fois : « Roger ! Roger ! » mais pas de réponse. J’aurais voulu le faire passer sur le toit pour qu’il vienne me rejoindre afin de le soustraite aux mains de ces brutes, car j’avais bien peur qu’on me le fusille.

A cet instant, l’Adjudant-Chef CONCHONNET, les gendarmes SERMADIRAS, PETIT, le fils SIMONET sont arrivés. Nous nous sommes concertés : quoi faire, où aller ? On voyait monter les camions, les automitrailleuses sur la route de Clermont, des coups de feu par-ci, par-là. On avait trop attendu pour aller loin, la ville était déjà cernée. Enfin, on longe le cimetière, on escalade un mur, puis on se camoufle dans les haies des jardins surplombant ceux de la Gendarmerie à d’environ 150 mètres de la caserne.

Là, nous avons rencontré l’Adjudant-Chef BERNOT, l’Adjudant PARIS et le gendarme LEVAT. De ce point élevé, on apercevait les blindés entrant à l’intérieur de la ville. De toute part, on entendait des coups de bottes dans les portes des maisons, des coups de feu dans les serrures pour les faire sauter. Enfin un vacarme indescriptible.

Toujours cachés dans les feuillages, tout le monde était inquiet de savoir ce qui se passait. Soudain, une dame de la Barrusie venue dans son jardin nous apporter quelques renseignements (car les femmes avaient le droit de circuler en ville), nous dit que tous les hommes de 16 à 60 ans étaient ramassés par les Allemands. Nous l’avons chargé de se rendre à la caserne pour prévenir nos familles que nous étions là. Mais impossible, la caserne était occupée par la Feldgendarmerie et ne laissait entrer personne. Enfin, une partie de la journée se passe et toujours la même inquiétude, on reste blottis dans la haie des jardins.

Vers 15 heures, après nous être concertés, nous avons décidé de rentrer à la caserne, pensant que nos familles étaient anxieuses de ne pas savoir où nous étions. En file indienne, le Chef CONCHONNET, les gendarmes SERMADIRAS, PETIT et moi-même sommes descendus à pas de loup par l’escalier du jardin et avons escaladé la fenêtre de la maison du Chef CROUSILLAC. Ce dernier nous dit « Allez-vous en vite, vous allez vous faire fusiller, les boches sont encore là ». En face de telles menaces, nous avons repris le même chemin et sommes revenus dans jardin. Un moment après, Mme SERMADIRAS ayant appris que nous étions là, est venus nous implorer de revenir à la caserne, qu’il ne nous serait certainement rien fait. Après un moment d’hésitation, nous avons pris la ferme résolution de rentrer. Arrivés sur le perron de la caserne, il y avait trois auxiliaires de la Feldgendarmerie. L’un d’eux, un gradé, (adjudant je crois) dit à un jeune « il faut les conduire devant un officier à l’Hôtel Moderne ». Là, seul l’Adjudant-Chef CONCONNET fut interrogé assez brièvement d’ailleurs par un capitaine allemand, parlant couramment le français. Ensuite, il nous a fait conduire, toujours par le même gendarme allemand, vers la Manufacture.

Après avoir passé le Pont de la Barrière, dans la rue Victor Hugo, on apercevait des vitrines de magasins brisées par les balles, des maisons avaient même reçu des coups de canon. Enfin, tout le long de cette rue, il y avait des amas de débris de verre, de fils téléphoniques ou électriques épars sur les trottoirs, enfin un vrai désastre. La brute qui nous conduisait tout le long du Chemin nous faisait signe de marcher toujours plus vite, c’est juste si on ne marchait pas au pas de gymnastique. On ne savait pas au juste où on allait. Arrivés dans l’avenue de la Gare, aussitôt après la pharmacie LAPORTE, nous avons aperçu des hommes ne donnant plus signe de vie, pendus aux devantures des diverses maisons ou magasins. Nous avons tout de suite pensé que le même sort nous était réservé. Le boche qui nous escortait s’exprimant à peine en français, d’un air narquois, nous dit : « Ici, catastrophe » ! Nous avons même dit entre nous, « c’est comme si nous avions la corde au cou. Nous sommes perdus, mais il ne faut pas flancher, il faut mourir en Français ! »  

Nous arrivons enfin place de la Gare, là une foule de plusieurs milliers de personnes, les enfants de troupe, les jeunes des Chantiers de Jeunesse, des civils, des gendarmes du Lot (amenés comme otages par la Division « Das Reich »). Devant eux, une haie de soldats allemands. De part et d’autre, des mitrailleuses braquées sur la foule, prêtes à faire feu au cas où la foule aurait tenté de manifester. On nous arrête à côté des bourreaux qui, des cordes à la main, ricanaient, les manches retroussées jusqu’aux coudes, revêtus de combinaisons imitation peau de léopard, mettaient leur sinistre exploit à exécution. Des officiers debout dans leurs voitures découvertes dirigeaient les opérations.

Là, nous sommes restés une dizaine de minutes et enfin, un des officiers a dit à celui qui nous escortait de nous conduire dans l’enceinte de la Manufacture d’armes distante d’environ 200 mètres. Sur ce parcours, à toutes les devantures il y avait des hommes ou des jeunes gens pendus. Arrivés au pont de Souilhac, qui surplombe la Corrèze, un pendu à chaque poteau de calorifère. Un instant avant notre passage, l’un des martyrs n’ayant pas voulu se laisser pendre ou la corde ayant cassé au moment où on lui a enlevé l’escabeau, est tombé dans la rivière. Aussitôt les criminels se sont acharnés sur leur victime à coup de mitraillette, grenade, etc… Enfin, c’était un vrai carnage. Pour ma part, j’ai compté 17 pendus à la même devanture. Conduits dans la cour de la Manufacture, nous avons été mis avec des soi-disant condamnés à mort ou otages, composés de femmes, hommes, jeunes gens, gendarmes, militaires au nombre d’une centaine environ. Parait-il nous devions tous être fusillés. A un moment donné, un jeune prêtre de la Ville de TULLE (le connaissant seulement de vue) a voulu s’approcher pour nous parler. Mais aussitôt les sentinelles, l’arme à la main, se sont élancées vers lui, en criant « Raous! Raous! » et l’ont même menacé. L’Abbé, d’un air malheureux, s’est retiré et nous n’avons pu communiquer avec lui.

Debout en plein soleil, nous sommes restés là de 17 h 30 à 21 ou 22 heures. Patiemment on attendait l’heure suprême, sans doute le moment n’était pas venu. A un moment donné, il y a eu relève des sentinelles. Parmi celles-ci se trouvait un adjudant-chef allemand s’exprimant assez bien en français. Il nous a demandé le motif de notre présence. Après lui en avoir donné les explications, il nous a dit : « Vous êtes des filous les gendarmes français ! » Mais enfin, il nous a certifié que nous ne serions pas fusillés. Il nous a un peu rassurés, mais encore l’espoir d’être libérés n’était pas grand.

Soudain, c’est-à-dire à la nuit, nous avons été conduits au centre de la Manu, dans les sous-sols d’un grand bâtiment destinés à être un abri de défense passive. A l’intérieur des abris, pas de lumière, obscurité totale. Celui qui nous conduisait, toujours l’adjudant-chef allemand, paraissait avoir un peu de sympathie pour les gendarmes (ceci se conçoit facilement puisque c’était un ancien douanier qui avait vécu pendant 5 ou 6 ans avec des gendarmes frontaliers français) nous a mis à part dans un local où se trouvaient 4 sommiers métalliques nus. Nous nous sommes immédiatement allongés. Les autres détenus n’avaient rien pour se coucher, ni pour s’asseoir. Ils étaient obligés de se coucher à même le ciment glacé. Au bout d’un moment, il faisait nuit noire, on nous a dit de sortir. C’était le Secours National qui avait fait apporter à manger. Deux grands plats de nouilles étaient mis à notre disposition. Sans pain, sans assiette, il n’était guère facile de manger. Du reste, le tout a été remporté presque intact puisque personne n’était bien affamé après avoir passé une si pénible journée. C’était plutôt la soif qui terrassait tout le monde dans cette anxiété provoquée par les souffrances morales et physiques qu’on venait de subir. Après avoir bu chacun un quart d’eau, tout le monde a été reconduit dans son cachot.

Vers 23 heures, on entend encore les portes s’ouvrir. On se demandait si le moment de l’exécution n’était pas arrivé. C’était le Docteur POUZET de Tulle qui venait au chevet des malheureux camarades blessés dans le Lot par les hordes germaniques. Aussitôt, on a essayé de lier conversation avec ce brave Docteur, mais interdiction de parler. Enfin, le gendarme SERMADIRAS s’est offert à éclairer ce praticien pendant qu’il effectuait quelques pansements sommaires. Là, en patois, et à mots couverts, le docteur a été supplié d’intervenir en faveur de tous auprès de M. le Préfet et de Monseigneur l’Evêque, afin de nous faire libérer et que l’on ne soit pas fusillés. M. POUGET a promis de faire tout son possible. La nuit se passe normalement sans beaucoup dormir certes car dans ces sous-sols il faisait froid. Nul n’était trompé par le sommeil, pensant tant de choses et inquiets par la destinée du lendemain

Le 10 au matin, vers 7 heures, nous avons tous été conduits sous un hangar, toujours à l’intérieur de la Manufacture. Gardés militairement par plusieurs sentinelles avec interdiction formelle de converser avec qui que ce soit de passage dans la grande avenue de l’établissement. Vers 9 heures, les Chantiers de Jeunesse nous ont porté un peu de bouillon et des pommes de terre cuites à la robe des champs. Tout le monde a mangé suivant son appétit. Par moment, des groupes d’hommes de tous âges passaient en colonne par trois, se dirigeant vers la porte de sortie. On pensait qu’ils étaient libérés, ce qui nous donnait de l’espoir. Il n’en fut rien. Au préalable, ils doivent être triés et la plupart sont dirigés sur l’Allemagne.

Enfin midi arrive, personne ne s’occupe de nous en ce qui concerne notre libération. On est toujours dans l’attente et l’incertitude. Vers 13 heures, le Secours National nous fait porter à manger du pain avec de la confiture. L’adjudant-chef allemand dont j’ai parlé plus haut, qui nous surveille, nous a donné une boîte de pâté et quelques paquets de cigarettes. Je crois même que c’est ce dernier qui nous a dit que nous serions probablement libérés le soir même. La journée était longue, les heures étaient des semaines.

Vers 19 heures, un triage a été fait ; les civils d’un côté, les militaires et gendarmes du Lot, de l’autre et nous quatre à part. Ensuite, nous avons été conduits à proximité du bâtiment principal de réception de la Manufacture. Là, siège une sorte de commission composée uniquement d’officiers allemands au nombre de 4 ou 5, assistés de l’interprète WALTER. Dès ce moment-là, tous les gendarmes ont pu regagner leur caserne. A noter que le S.S. Walter a été arrêté par les résistants et fusillé à Lascaux, mon village. »

Pour lire d’autres témoignages faites par des personnes présentes à Tulle en 1944, aller sur la page d’accueil du site, cliquer sur « résistants » puis René Chaillet , cliquer aussi sur « archives » et chercher le témoignage d’un résistant membre du groupe Jean Robert à la date du 21 octobre 2012 ou l’anecdote rapportée par un jeune lycéen de l’époque à la date du 19 juin 2014.

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De Saint-Solve à Orgnac, 1944

Dans son livre « Les bruyères de mon enfance », Janine Cythère- Gorse a écrit un chapitre où elle parle de la période située entre 1943 et 1944. Elle avait alors 19 ans. Nous vous mettons des extraits de ce chapitre :

« Petit à petit, au fil des mois, quelques groupes de Résistance se constituèrent, avec des jeunes qui venaient de toute la France prendre le maquis, soit par conviction, soit pour échapper au Service du Travail Obligatoire, mis en place à partir du début de 1943. Ce n’était pas facile pour ces jeunes maquisards, qui vivaient dehors la plupart du temps et ne connaissaient pas le pays… La vallée de la Vézère, ses pentes abruptes et son lit encaissé, se prêtaient bien à l’implantation de groupes clandestins.

Ce sont mes amis du hameau des Chapoulies, Elie et Marie, qui les premiers m’ont demandé si je pouvais héberger quelques maquisards et leur donner à manger. Ces braves gens ne pouvaient pas rester dehors dans les nuits froides et il fallait bien qu’ils mangent. J ’acceptai cette mission, dont on ne me cacha pas qu’elle comportait un certain risque. C’est ainsi que je me suis mise à cacher et à coucher les maquisards dans la grange de mes grands-parents.¤ En hauteur, dans le foin, car je savais que mon grand-père ne pénétrait qu’en bas. Il y avait des Parisiens, des Juifs, des Polonais… Pour les nourrir, je récupérais des œufs, du pain et du fromage où je pouvais Comme j’habitais alors chez mon père à Saint-Solve, j’effectuais de nombreux trajets entre les deux villages. A pied…Je tricotais aussi, confectionnant des chaussettes et des écharpes, que j’apportais à la mairie car le maire était très engagé dans la Résistance. Il risquait gros.

Au bout de trois ou quatre mois, j’ai eu peur que mes grands-parents ne s’aperçoivent de quelque chose. J’en ai parlé à Elie et je lui ai demandé si je pouvais être affecté à une autre mission. Il accepta et me proposa comme agent de liaison. Ma candidature fut acceptée. Rapidement, on utilisa mes services. Je récupérais des plis au QG à Orgnac, dans la maison du maire, que je devais emmener dans différents camps disséminés dans la nature, au Vaysse souvent. Toujours à pied. C’était souvent de petites enveloppes, avec un numéro. Je les cachais dans mes chaussures ou dans mes bas…Il fallait se méfier de tout le monde, et parler le moins possible. Par chance, je n’ai jamais eu de problèmes. Quelques grosses peurs seulement, quand je me suis trouvée devant une traction que je n’avais pas vue sous un arbre ; les deux occupants m’ont regardée, mais ne m’ont ni interpellée ni suivie. Et une autre fois, quand, au milieu des bois, j’ai vu les fusées éclairantes tirées par les Allemands illuminer le ciel et que je ne savais plus si je devais avancer, reculer ou ne pas bouger d’un centimètre.

Certains « camarades » en revanche ont été pris et déportés…Les Allemands sont aussi montés à Orgnac, puis à Saint-Solve quelques jours après (la famille des alcools Ricqlès était réfugiée dans la commune). Là, ils ont embarqué cinq ou six personnes, dont le boulanger et une femme qui hébergeait des Juifs et nourrissait les Maquisards. Elle resta huit jours à la Kommandantur de Tulle, avant d’être libérée. C’est elle, qui quelques mois plus tard, m’aiderait à payer mon voyage à Paris…

J’ai des attestations qui prouvent si besoin est mon engagement.

  • Une du maire d’Orgnac, en 1945 : « Le maire certifie que mademoiselle Cythère Janine a aidé en son temps la Résistance organisée en cette commune, soit en servant d’agent de liaison, soit en favorisant le ravitaillement des forces du maquis, et n’a mérité que des félicitations de la part des responsables de la Résistance dans l’occupation ennemie. »
  • Et une du commandant FTP dont je dépendais, qu’il a rédigée en 1963 : « Je soussigné, lieutenant de réserve Pierre Guérin, ex-commandant Jo du 2ème bataillon du sous-secteur B de la 3ème région militaire FTPF, certifie que Madame Gorse Marguerite, alias Janine, a appartenu à la 235ème en qualité d’agent de liaison, du 6 janvier 1944 au 15 août 1944. » …

J’ai fait ce que ma conscience et les circonstances me dictaient à l’époque. Ni plus ni moins »

¤. Les grands-parents de Mademoiselle Cythère habitaient le hameau de Malchétif sur la commune d’Orgnac-sur- Vézère .

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Attaque d’un train à Noailles le 7 juin 1944

Dans « Maquis de Corrèze » p 462 de l’édition de 1971, on peut lire le témoignage suivant de Adrien Picard:

« A Noailles, le 7 juin, les postes d’embuscade AS commandés par le lieutenant Barthez, sont placés sur la nationale 20, surplombant la voie ferrée de 50 mètres et éloignée d’elle de plusieurs centaines de mètres. La voie  a été coupée la veille par déboulonnage.

Les Allemands descendent donc du train pour réparer. les maquisards ouvrent le feu sur eux. Les armes du train ripostent. La bataille fait rage pendant 3/4 d’heure. Des maisons brûlent. Les maquisards ont 3 morts et 2 blessés, et ils décrochent sous le feu.

Des Allemands montent du ravin et trouvent sur la route les 2 blessés qu’ils emmènent avec eux vers le train, tirant l’un d’eux avec une corde… »

Des adhérents du comité ANACR secteur d’Objat, en promenade à la Tremblade (17), ont pris en photo la plaque suivante fixée sur un gros rocher en face du monument aux morts sur la place de la mairie de ce village:

On sait donc que le « plus blessé des 2 » a été aussitôt jeté vivant dans le foyer de la locomotive. Quant au deuxième prisonnier, il est mort à Brive, après avoir été affreusement mutilé.

Une autre stèle, située au nord de La Tremblade, au lieu-dit la Piane, mise sur un « chemin de mémoire », est à voir. Le plus célèbre des passeurs du groupe franc marin  Armagnac est le sergent André Lecêtre, une figure dans le secteur de la Seudre . Il a été tué lors d’une de ses incursions sur la rive gauche de la Seudre le 12 avril 1945 soit deux jours avant le déclenchement de l’offensive française.

 

 

 

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Des destins plus souriants

Nous avons parlé, à plusieurs reprises sur ce site, de Résistants du groupe Jean Robert qui ont eu une fin tragique dans les bois du Vaysse :  «  Mario », abattu en avril 1944, « Toutou » exécuté après avoir été torturé en juin 1944.

Nous avons parlé de «  Michel », le « pendu d’Uzerche », le même jour que les pendus de Tulle, de «Mataf », grièvement blessé en janvier 1944, mort de retour à Casablanca en 1945. ( voir « historique » sur la page d’accueil)

Nous avons parlé, bien sûr, de « Barnabé » et de « Blazy », arrivés dans nos bois dès la création du camp  du groupe Jean Robert par « Jo » Guérin, en novembre 1943, le premier, réfugié lorrain, le deuxième, venant de Villeurbanne. Ils ont été de toutes les attaques auxquelles ont participé ce groupe. Ils étaient à Tulle le 7 et 8 juin 1944. Ils étaient à quelques mètres des Allemands quand Toutou a été arrêté et que Rescapé a tiré sur un soldat allemand à Rouffignac d’Orgnac le 16 juin 1944.

Ils n’ont pas eu à déplorer de blessure grave et ont pu poursuivre les Allemands jusque dans « la poche de Royan », plus précisément du côté de la Pointe de Grave, à Port Richard dans le Médoc, et même jusqu’en Alsace. Mais ils sont ensuite revenus à Vignols, à la fin des hostilitésBarnabé le très jeune réfugié lorrain, Blazy, venu de Villeurbanne pour fuir le STO en Allemagne.

René Chaillet, dit Barnabé, est revenu à Vignols pour se marier avec Thérèse Singens qui faisait partie des légaux et servait d’agent de liaison pour le groupe J Robert (elle avait donné les 1ers soins à Mataf et l’avait caché dans une grange chez ses parents avant qu’il ne soit conduit  à Clairvivre pour être opéré).

Deux anecdotes à propos de René Chaillet qui se situent juste après la guerre :

  • Il travaillait aux Carrières de Vignols avec Robert Fritte, un autre réfugié, mais quand celles-ci ont fermé définitivement, ils ont été employés temporairement par la mairie afin de créer le stade de football à l’emplacement actuel. Ils travaillaient sous les ordres de l’entreprise Terrier et ont creusé et tracté des brouettées et des brouettées de terre. Le stade a été opérationnel dès 1947 et est toujours utilisé.
  • Si vous avez lu, sur ce site, le témoignage de Barnabé, vous savez qu’il était excellent cycliste. Toujours dans ces années d’après guerre, il participait à des courses cyclistes les jours de fêtes votives et une Vignolaise se souvient de quel plaisir c’était de voir sa jolie petite fille Christiane l’encourager et applaudir à ses victoires.

André Mérat, dit Blazy, est lui aussi revenu à Vignols pour se marier en 1947             avec Jeanne Vigier dite Jeannette. Elle aussi aidait les Résistants avec sa mère.           Elles ont d’ailleurs été arrêtées par la milice et conduites à Brive puis à Tulle en             même temps que Madame Villeneuve et que monsieur Gérodolle le boulanger de           Saint-Solve. Heureusement, elles ont été relâchées assez vite. Monsieur et                     madame Mérat ont habité quelques temps à Saint-Solve puis  sont partis à                     Villeurbanne où il a repris son métier. Mais encore une poignée de Vignolais se               souvient d’eux et de leurs enfants car ils revenaient tous les ans passer les                     vacances d’été sur la commune de Vignols.

Monsieur Chaillet et monsieur Mérat nous ont quittés il y a quelques années. Nous avons eu la chance de pouvoir recueillir le témoignage de René Chaillet il y a 15 ans. Par contre, nous n’avons pas pu enregistrer celui d’André Mérat. Quand il venait en vacances, nous le voyions toujours avec le sourire, toujours aimable, participant à la vie du village, mais il ne souhaitait pas parler de ses années de guerre, souhait que tout le monde respectait bien sûr. Nous ne possédons pas de photo de lui non plus si ce n’est celle où il est assis à côté de Mario dans les bois du Vaysse en novembre 1943 ou celle où il accueille Gerhard Leo dit «  le Rescapé » avec certains de ses copains du maquis à la stèle de la Garédie des années après son temps de Résistance.

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Juin 1944 à Voutezac

En novembre 2016, un membre de notre comité ANACR secteur d’Objat reçoit une lettre manuscrite de monsieur Rémy Landy (9 ans en 1944) accompagnée d’un témoignage.

Nous vous le mettons ci-dessous tel que nous l’avons en notre possession.

« Souvenir anodin de 1944 : les deux malles.

Un certain jour de juin 1944, le petit Rémy, 9 ans, regarde par la fenêtre de la chambre, en haut de sa maison (C’ est maintenant au 4 rue de la Forge à Voutezac). Sur la route du Saillant, au tournant des Mégenies, il aperçoit un convoi militaire qui monte lentement : les Allemands !

Plus tard dans la matinée, par la fenêtre de la cuisine, il les regarde installer leur mitrailleuse, juste devant, dans le pré qui jouxte la maison Gargot. De quoi balayer d’une rafale la route d’Objat (car il n’y avait pas encore le futur garage Raynal pour boucher la vue) et même au besoin celle de Ceyrat.

Plus tard encore, on frappe à la porte d’entrée. Quand la maman du petit Rémy ouvre la porte d’entrée, trois hommes se présentent : deux Allemands en uniforme et, en civil, le triste Français milicien qui interroge :

-« Votre nom ?

-Landy.

-Où est votre mari ?

-Prisonnier de guerre en Allemagne à Lübeck, oflag XC. ( heureusement, ils ne savaient pas que, du côté de mon père, mes deux oncles étaient à Buchenwald / Dora et que mes deux tantes étaient à Ravensbrück, camp dont l’une ne reviendra pas).

 -Connaissez-vous un certain Maurice Monteil ?

 -Non ; vous confondez peut-être avec le nom d’un village des environs. »  (cette réplique, ma chère Maman, cela n’était pas la peine de la dire, et elle pouvait même être dangereuse pour les habitants de ce hameau l)

Et maintenant, les « Boches » et leur acolyte vont- ils entrer pour perquisitionner ? On peut tout craindre depuis leur terrible passage d’avril* ! Mais non, ils repartent : ma mère a dû leur paraître naturelle et sincère – et personne n’a dénoncé notre écoute quotidienne de la << radio des Anglais », celle qui nous prévenait par son slogan : « Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand » ; et puis, s’appeler Landy, ce n’est pas Corrézien, mais c’est tout de même plus sûr que Weil ou Lévy !

Or nous l’avions, sans le savoir, échappé belle. Dans notre garage se trouvaient deux grandes malles abandonnées là en 1940, au moment de sa fuite vers les Etats-Unis, par le père d’une jeune femme, [en ce temps-là épouse de l’un de mes oncles, mais plus tard maîtresse d’un officier allemand et probablement dénonciatrice de leur réseau de résistance parisien.] Parti sans laisser d’adresse, jamais il ne revint nous voir, ni en 1945, ni plus tard.

Après son retour de captivité, mon père finit donc par ouvrir les malles où l’on découvrit…deux revolvers. Ce fut une belle peur rétrospective ! »

*   Voir événements du Saillant ( + archives Avril 2016,2015,2014)

Nous adressons nos remerciements à monsieur Landy pour ce témoignage et pour la confiance qu’il nous témoigne en nous permettant de le porter à la connaissance de tous.

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Baptiste Chadal dit Fernand

Un lecteur assidu des articles stockés dans le dossier « archives » de notre site s’étonne de n’en trouver aucun parlant de Fernand Chadal, Résistant de « la première heure », dès novembre 1940.

Pourtant les Anciens Combattants Résistants de notre comité, qui connaissaient Monsieur Chadal, avaient trouvé de la documentation le concernant au musée départemental de la Résistance, (musée qui existait alors à Tulle dans les années 1990), quand ils avaient préparé leur première exposition sur le secteur d’Objat, exposition qui nous a énormément servis lorsque nous avons décidé de faire une brochure sur l’histoire du détachement Jean Robert dans le Vaysse.

Voici le témoignage écrit de monsieur Chadal, conservé dans ce musée, dont un extrait peut se lire aussi dans « Maquis de Corrèze », et ce dès la première parution de ce livre très documenté… si vous avez la chance d’en posséder un exemplaire.

Novembre 1940, Fernand Chadal, 25 ans, employé de commerce,  est  arrêté à Tulle par la police spéciale, coupable d’avoir distribué des tracts reprenant l’appel de juillet 1940, de Maurice Thorez et Jacques Duclos, à boycoter le gouvernement Pétain et à résister à l’ennemi.

Il est condamné à 3 ans de prison , 10 ans d’interdiction de vote et récolte d’une amende: 900F réclamés en 1941, 2874F en 1942! 

 

 

 

Une lettre du sous-préfet de Brive est envoyée au maire de Vignols afin que Fernand Chadal soit rayé des listes électorales de cette commune .

Une demande de renseignements,  » tenant lieu de Certificat de solvabilté », est  envoyée à la mairie, un an plus tard, émanant de la perception de Limoges. Le 18 juillet 1942, le maire y répond que Baptiste Chadal était « né dans la commune, mais n’ y travaillait pas, serait actuellement en prison, n’a plus ses parents » avec la mention « néant » en face de la rubrique valeur des meubles saisissables.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Aux élections municipales de 1946, nous trouvons dans la liste des nouveaux conseillers municipaux, le nom de  Fernand Chadal. (voir document dans l’article sur les conseils municipaux mis en ligne en novembre 2016( cliquer sur  « accueil » puis « archives » et « nov 2016 »).

Si vous avez en votre possession d’autres documents parlant de M Chadal, contactez-nous, nous complèterons cet article avec plaisir.

  • rajout juin 2021: en cherchant trace de la détention d’un Résistant membre du comité ANACR d’Objat, Auguste Célérier, nous avons trouvé dans le registre de la prison d’Eysses, sous le numéro d’écrou 528, un Jean Chadal, né en Corrèze en 1915, employé de commerce, arrivé le 11/03/1942 et libéré le /11/1943. Pour nous, il s’agit de Fernand Chadal.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Monsieur Jean Baptiste Lafarge, alias « La Borne »

Le fils de monsieur Lafarge nous a prêté des documents concernant la période de Résistance de ce dernier.

Monsieur Lafarge Jean-Baptiste a 20 ans en 1944 et vit avec sa famille à Allassac où il travaille dans la boucherie de son frère.

Il est approché, dès janvier 1943, par monsieur Pierre Normand, chef de centre AS d’Allassac ainsi que par Jean Graffeuil, adjoint au chef de centre,  qui lui demandent de se tenir prêt pour partir dans le maquis dès qu’on lui en donnera l’ordre. Cet ordre arrive le 10 mai 1944.

Il participe avec son groupe AS à des sabotages sur le secteur, des coupures de lignes de téléphone entre Allassac et Estivaux en juillet 1944.1 - Maquis 1944 M Lafarge est allongé, 2ème à gauche.

Une anecdote : avec d’autres, il attend quatre nuits de suite un parachutage … qu’ils ne verront pas arriver ce qui énerve ce jeune homme qui a envie d’actions.

Après le 21 août 1944, il part à Bordeaux où il se retrouve dans une caserne avec le grade de 2ème classe du 21ème bataillon de la 23/33ème compagnie FFI. (C’est là aussi qu’ont été cantonnés au départ les Résistants de la cie FFI 23/35ème avec les survivants de notre détachement Jean Robert, voir dans « historique » après septembre 1944).

5 - Caserne a Bordeaux 30-09-1944

          Il est assis sur l’aile gauche de la voiture.

Ils sont un groupe à trouver qu’on les laisse de côté des batailles qui se déroulent dans la région et accepte avec eux la proposition faite par le commandant « PHI-PHI » de rentrer dans leurs foyers.

Après le 6 octobre 1944, il entre au 34ème bataillon FTP de la 23/92ème compagnie où il est muté à la Compagnie d’Allassac des Milices Patriotiques Républicaines.

Autre anecdote: Longtemps après la guerre, alors qu’il passait des vacances avec son fils dans la maison familiale d’Allassac, il a fait remarquer, dans la chambre que ce dernier occupait à l’étage, une légère irrégularité entre deux lattes du plancher. Il en a soulevé une, dévoilant une niche entre plancher et plafond du rez-de-chaussée, et dit à son fils que là, il cachait des armes en 1944.

Merci à monsieur Lafarge de nous avoir prêté des documents prouvant les états de service de son père dans la Résistance ainsi que des photos.

Il souhaiterait savoir si vous reconnaissez le lieu et des Résistants sur ces photos de 1944 ou si vous avez entendu parler de J Baptiste Lafarge dit « La Borne », d’Allassac , dans l’AS puis dans les FTP. Ecrivez-nous. Nous transmettrons.

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André Mérat dit « Blazy »

André Mérat habitait à Villeurbanne où il travaillait, au moment de la seconde guerre mondiale, comme magasinier au sein des établissements « Berliet ».

Né en 1922, il a été réquisitionné pour partir travailler en Allemagne au titre du STO, alors il a décidé de prendre le maquis et a suivi une filière bien connue des Résistants FTP français qui l’a conduit directement en Corrèze.

Il s’est trouvé avec « Jo » Guérin, « Olive » Boyer, « Michel » Chauvignat et d’autres sur le secteur de Turenne en basse Corrèze dans le camp Grandel fondé par Edouard Valéry, alias « Justin ». [Pour en savoir plus sur l’existence de ce camp et sur tout le travail effectué par les Résistants qui s’y trouvaient, nous ne pouvons que vous conseiller de vous procurer le livre d’Elie Dupuy « Le parcours d’un « terroriste » ordinaire » en vous connectant sur le site www.anacrcorreze.fr]

André Mérat a fait partie du groupe d’une dizaine de personnes qui ont suivi « Jo » Guérin quand il a été demandé à ce dernier d’implanter un nouveau camp dans le Vaysse, le groupe Jean Robert.

Il est ensuite resté dans le groupe Jean Robert jusqu’à la fin de l’existence de ce groupe FTPF.

Il a d’ailleurs rencontré sa future femme dans la Résistance :

  • Jeannette Vigier et ses parents faisaient partie de ces légaux qui ont rendu la vie possible à ceux qui devaient se cacher dans les bois car considérés comme « hors-la-loi » et « terroristes ». Elles apportaient ravitaillement et renseignements. Jeannette et sa mère ont fait partie de ceux qui ont été arrêtés lors de la rafle de Saint-Solve suite aux évènements du 8 avril 1944 dans le Vaysse. Elles ont été conduites à Brive puis à Tulle avant d’être relâchées.

Après 1947, date de leur mariage, André et Jeannette sont restés vivre à Saint-Solve pendant quelques années avant de repartir à Villeurbanne où monsieur Mérat a repris son ancien métier. Il est décédé à l’âge de 74 ans.

Une anecdote : Claude Gauthier d’Orgnac(19) nous a raconté que « Blazy » faisait le pain pour le maquis. Il faisait cuire les fournées dans le four de la ferme Gauthier à Rouffignac.

Monsieur Mérat était un homme affable, toujours souriant, très discret. Quand sa famille et lui revenaient à Vignols pour passer quelques jours de vacances en été, il revoyait bien sûr « Jo » Guérin, Henri Gounet et quelques « anciens » pour se promener dans le Vaysse mais il ne racontait pas son vécu de la guerre.

Nous n’avons que peu de photos de lui si ce n’est celle prise probablement par le « lieutenant Michel » lors de l’installation du premier camp Jean Robert et celle, des années plus tard lors d’une visite de Gerhard Leo alias « Rescapé ». (Il est derrière Henri Gounet et Gerhard Leo. De l’autre côté de la stèle de la Garédie, Pierre Guérin)

Les voici :Blazy

A droite de la stèle de la Garédie, Jo Guérin, à gauche en blanc, Gerhard Leo à côté d'Henri Gounet; derrière, André Mérat dit "Blazy"

Sans titre

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Août 1944, Brive

Nous revenons sur le témoignage de monsieur Roger Reynal alias Maurice ou Raton.

Il nous avait raconté une anecdote concernant le drapeau de la FOP que son père avait accepté de garder chez lui. (la lire en cherchant dans « anecdotes » ou dans « témoignages » ).

Il nous avait parlé aussi de deux autres drapeaux qui étaient en sa possession depuis août 1944 et qu’il avait prêté au comité ANACR d’Objat pour la première exposition réalisée sur la Résistance dans la basse-Corrèze en 1992, drapeaux mis sur le toît du lycée Cabanis par un groupe de FTPFdont il faisait partie, le jour de la Libération de Brive.

Après son décès survenu le 19 septembre 2014, les enfants de Roger Reynal ont trouvé des notes explicatives avec ces trois drapeaux. Ils ont eu la gentillesse de  nous  envoyer les photographies de ces documents. Nous les mettons ci-dessous.

union pour la paix universelle Le drapeau de la Fédération Ouvrière et Paysanne (FOP),section de Voutezac, avec une belle devise au centre « union pour la paix universelle » et aux quatre coins du drapeau: Paix, justice, travail, liberté.

drapeau Cabanis 1    drapeau Cabanis 2bis   Cabanis PCF (2) 

(Pour lire le texte écrit par monsieur Reynal, cliquer sur le document1 puis le 2.)

Les drapeaux ont récemment été offerts au musée Michelet de Brive par les enfants de Roger Reynal.

 IMGP3763bis Roger Reynal est resté un membre actif et bienveillant de notre comité jusqu’au bout. (photo prise en avril 2013)

 

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