LES EVENEMENTS MARQUANTS POUR LE GROUPE

DE JANVIER AU 1er AVRIL  1944

  • LE 8 AVRIL 1944 : 

2ème attaque dans le Vaysse « MARIO » est tué, « ARBALETE » peut s’échapper. Le groupe « Jean Robert » déménage à Rouffignac. 

Extrait du témoignage de Madame MAZEAU Eugénie :

« Le 8 avril, ce n’était pas les mêmes, C’était les Miliciens. Une brave dame avait donné une poule. Mon mari était parti la porter aux maquisards… Les Miliciens sont passés… Et j’ai entendu tirer vers la gare (du Vaysse)… Mon mari les a trouvés en

remontant… Ils l’ont pris en otage et l’ont amené au camp… Un des maquis s’est pointé, a dit un mot de passe et ils ne lui ont rien dit. Il était chez nous l’avant-veille et il était peut-être un peu espion, je ne sais pas. Mais c’est peut-être lui qui a sauvé mon mari à ce moment-là. Ils ont pris mon mari avec eux de force et lui ont dit de les conduire au camp… les mains sur la tête et devant eux… Avant d’arriver au camp, ils ont tiré sur 2 maquis. L’un est tombé. On a dit après qu’il s’appelait « Mario ». Ils n’ont pas vu d’autres résistants… Après, ils ont emmené mon mari avec eux et nous ne le savions pas… Mon mari est parti pour Tulle… En passant, ils ont pris aussi le boulanger de Saint-Solve et un autre. C’est à Tulle qu’il a vu l’autre gars du maquis qui les a sans doute dénoncés sous la torture. Pendant ce temps, les Miliciens sont venus à la maison; les enfants déjeunaient… Ils ont dit de les faire sortir car ils parlaient de mettre le feu à la maison. Ils ont fouillé de fond en comble. Ensuite, ils ont dit : « Il n’y a pas d’arme; on ne met pas le feu »…. Par la suite, on n’a plus vu de gars du maquis… Les gens de La Bénéchie ont éteint le feu dans nos bois. Nous avions d’autres soucis ! Les Allemands étaient tous les jours à patrouiller. Ils ont gardé mon mari 2, 3 jours à Tulle. Ils l’ont ramené et lui ont demandé de les emmener à la cache des maquis. Mon mari les a baladés de ci, de là mais de toute façon, les maquis étaient partis ailleurs. »

Extrait du témoignage de Monsieur Jean DELEAU habitant un village de Vignols (18 ans en 1944): 

« Quand les Allemands ont arrêté Monsieur Mazeau, [je l’ai entendu raconter par lui-même], il était chaussé de sabots de bois. Quand ils l’ont ramené dans le Vaysse, ils lui ont fait poser ses sabots parce qu’il faisait trop de bruit en marchant sur les rochers. Ce qui fait qu’il a continué pieds nus !… »

Chemin d’accès à l’endroit où « Mario » a été tué.

Extraits du témoignage du fils de Monsieur MAZEAU, Gilles : 

«Je me rappelle. J’avais 5 ans. Mon père m’a souvent raconté. Un maquis avec son fusil-mitrailleur, en surveillance à côté du camp, a vu les deux sentinelles. Il a voulu tirer. Ça a fait un déclic… Au même moment les deux sentinelles ont vu les deux maquis qui étaient de surveillance et ils ont déchargé leurs mitrailleurs. Mon papa s’est écroulé et a fait le mort. « Mario » s’est écroulé, touché par une balle dans le front. L’autre est parti et n’a pas été touché… Les sentinelles se sont retournées et ont donné des coups de pieds pour faire relever papa…»

Extrait du témoignage de Monsieur Pierre GUERIN “ JO ” : 

«Le 8 avril, les Allemands et les Miliciens nous attaquent à nouveau sur l’emplacement du nouveau camp, pourtant éloigné du premier attaqué le 1er avril. Sans aucun doute, la Milice a fourni les indications. Meyer dit «Mario», tireur au F.M, laissé en couverture pour protéger le repli de ses camarades, est tué par les Miliciens.»

Extrait du témoignage de Monsieur Claude GAUTHIER (18 ans en 1944): 

«Le 8 avril, une importante colonne allemande avait monté une opération dans nos bois (sur dénonciation). « Mario » était tué. Son adjoint au fusil- mitrailleur, « Arbalète », a eu plus de chance ; il a pu s’échapper, et était de retour au camp non sans avoir essuyé une volée de grenades et des rafales de fusils mitrailleurs : tout ça sans résultat, le taillis très branchu et pentu se révélant protecteur.

Il y a eu ce jour-là plusieurs tentatives pour incendier le Vaysse : par Sajueix (Voutezac), La Perpédie (Vignols), La Coutille (Orgnac). Mais les résultats ont été faibles… »

– LA DECOUVERTE DU CORPS DE « MARIO ».

Extrait du témoignage de Madame Adrienne MASSIAS habitant à La Bénéchie en 1944 : 

« Le matin de bonne heure, j’ai entendu monter les camions. C’était plutôt des side-cars d’ailleurs. Ils ont tourné dans La Garédie. Ils sont allés jusque dans Le Vaysse. Ils

ont tué « Mario »… Ils l’avaient étendu derrière une souche en haut d’un chemin dans le taillis de notre famille, couché sur le dos, ses pieds comme calés par la souche. J’étais venue avec Louis mon mari et Jean Valade car on avait vu qu’ils avaient mis le feu, et on voulait l’éteindre. On y est allé dès qu’on a entendu les camions repartir. J’avais une grande barre pour éteindre le feu et les deux hommes étaient descendus plus bas pour faire la même chose que moi. Quand j’ai trouvé « Mario », j’étais tellement secouée que je les ai appelés. Il avait les deux mains posées sur la poitrine. Je suis partie complètement affolée. Les hommes sont restés après moi. Je connaissais « Mario ». Il venait à la maison. On lui donnait du ravitaillement. Il n’y avait que lui du maquis qui venait pour chercher le ravitaillement chez nous… Les jours suivants, j’avais tellement peur que lorsque j’allais laver le linge à la pêcherie, il y avait une souche d’arbre allongée derrière la haie et j’avais l’impression que c’en était un, couché, mort… »

Extrait du témoignage de “ Olive ” présent dans les bois ce jour-là : 

« Le 8 avril, on a eu la Milice qui est venue… C’est là qu’ils ont tué le pauvre « Mario » au fusil- mitrailleur. Nous avons traversé la Loyre. L’eau nous montait jusqu’aux genoux, jusqu’au ventre et nous sommes allés à Rouffignac d’OrgnacDe là, on s’est regroupé et nous sommes allés du côté de Varetz. Je suis revenu à Juillac avec l’autre groupe puis finalement je suis parti à Lanouaille… »

– L’ENTERREMENT DE « MARIO ». 

Extrait du témoignage de Monsieur Henri GOUNET : 

« Les maquis ne pouvaient pas être présents à l’enterrement, bien sûr. C’est la municipalité de Vignols qui s’en est occupée. Mario est resté exposé huit heures puis il a été inhumé au cimetière en présence d’une population assez nombreuse. »

 

 

Sur la plaque, offerte par la municipalité de Vignols en 1945, il est écrit :

 

 Extrait du témoignage de Madame Solange GOUNET : 

« Mario », le maquis du Vaysse tué par les Allemands le 8 avril 1944, a été enterré dans le cimetière de Vignols le 10 avril 1944 dans l’après midi. Il y avait beaucoup de jeunesse à l’enterrement : c’était le lundi de Pâques, l’équipe de football des garçons et l’équipe de basket dont je faisais partie, jouaient ce jour-là. J’avais 15 ans… Toute cette jeunesse s’est rassemblée et nous avons accompagné « Mario » à sa dernière demeure. Il avait été transporté la veille dans l’église de Vignols, le prêtre avait fait une bénédiction sans savoir sa religion. Je me rappelle, avoir aperçu sur le pont de Vignols deux gars du maquis. C’était très émouvant… J’ai reconnu « Blazy » (Monsieur Mérat) qui me l’a confirmé plus tard. Voilà : nous avons accompagné « Mario ». C’était triste, je m’en souviens très bien encore, comme si j’y étais. »

Précisions apportées par M.T Charbonnel sur Mario: 

« Les faits relatés m’ont été, à plusieurs reprises, racontés par mes parents, Paul et Antoinette Charbonnel et certifiés récemment par madame Irma Peuch-Roux. 

Les Allemands ont interdit l’enterrement de ce jeune homme, menaçant de représailles ceux qui enfreindraient cette interdiction. Le maire de Vignols a « pris sur lui » pour que l’enterrement ait malgré tout lieu. Trois Vignolais, Jean Piette, gendre du maire, Armand Pascarel et mon père sont alors partis chercher le corps de Mario dans le Vaysse. Il a été ramené et déposé dans l’église de Vignols. Le curé Bacheylerie a estimé que, quelle que soit la croyance de Mario, tout homme a droit au respect dans la mort. 

Mis en bière, le corps a été déposé au monument aux morts où la jeunesse de Vignols et des alentours ainsi qu’une partie de la population ont chanté le « chant du départ ». Mario a enfin été enterré au cimetière de Vignols.

Extrait du registre de l’état civil de Vignols rempli par M Louis Terrier, maire-adjoint de la commune, (le maire M Parveau était absent ces jours-là.) 

« Mario », MLECZAC Meyer jeune juif polonais, fils de MLECZAC Mordko et GUBRAIMANN Maria, né à VARSOVIE (Pologne), obligé de vivre dans la clandestinité, est venu mourir dans ce petit coin de Corrèze le 8 avril 1944 à l’âge de 21 ans.

C’est en 1945, que des membres de sa famille viendront déposer une plaque sur sa sépulture. Nous pouvons y lire :

A NOTRE CHER

 NEVEU ET COUSIN.

REGRETS

En 1948, le corps de « Mario » sera exhumé du cimetière vignolais et transporté à la Nécropole Nationale de Chasseneuil Sur Bonnieure en Charente.

Après ces événements tragiques, le groupe « Jean Robert » quitte la commune de Vignols et se rend sur celle d’Orgnac, au sud de Rouffignac (voir carte page 9), où ils savent pouvoir compter sur des « légaux Résistants », les familles GAUTHIER et BOUILLAGUET.

De là, ils participent à d’autres actions de sabotage. Entre autre :

  • LE 1er MAI 1944 : 

Embuscade et attaque de la gendarmerie de Vigeois. 

Sous le commandement du Capitaine « Jo», le détachement « Jean Robert » participe à l’investigation de Vigeois, désarme la gendarmerie, sabote la voie ferrée Paris-Toulouse et embuscade les voies d’accès.

  • LE 1er JUIN 1944 : 

La Gendarmerie d’Allassac est attaquée. 

A Allassac, une opération identique à celle de Vigeois est renouvelée; des armes et des munitions seront récupérées. Dans un train stoppé en gare, à cause du sabotage de la voie ferrée à hauteur d’Estivaux, se trouvent des hommes réquisitionnés pour l’Allemagne (100 jeunes du STO). Ils sont délivrés. Dans le même convoi, il y a également un jeune prisonnier allemand. Il s’agit de Gerhard LEO qui, une fois délivré, rejoindra le groupe « Jean Robert ». Un des premiers Résistants de ce groupe, « le lieutenant MICHEL », lui donne très vite le nom de guerre : « Rescapé ».

LES 7 et 8 JUIN 1944 : 

Attaque de TULLE→ L’encerclement de la ville se poursuit. Le feu prend à l’Ecole normale de Filles. 

Le 7 juin, attaque de TULLE. La 235ème Compagnie, dont fait partie le groupe « Jean Robert », est chargée d’attaquer l’Ecole normale de Filles où des Résistants sont retenus par la Gestapo. Le commandant du 2ème bataillon, « Lucien » (Elie Dupuy) sera blessé par un éclat de grenade.

Plan de Tulle

Le 8 juin, l’encerclement de Tulle se poursuit et le feu prend à l’Ecole normale d’institutrices. Les Allemands se rendent et les prisonniers sont délivrés (Une trentaine de Résistants).

Sur le plan de 1943, notez que l’avenue menant à la préfecture a été baptisée « avenue Pétain).

Extraits du témoignage enregistré par Radio P.A.C. en 1993 de Monsieur Pierre GUERIN « Jo »: 

« Le maquis du Vaysse était le 7 et le 8 juin à Tulle avec la 235ème compagnie commandée par Roussel. L’ordre venait de la direction F.T.P. On a réussi à neutraliser une partie de la garnison allemande de Tulle. »

LE 9 JUIN 1944 : 

Retour de Tulle, arrestation au « Bariolet » (Perpezac le Noir) de CHAUVIGNAT Edouard « Lieutenant Michel », de MONTEIL Raymond et de GRANDEUIL Léon. 

Le 9 juin, Edouard CHAUVIGNAT, dit « Michel », est emmené à Uzerche. Questionné puis pendu à un crochet de boucher sur ordre du général LAMMERDING, commandant la « Das Reich ». « Michel », valeureux combattant du groupe « Jean Robert » restera là, durant deux journées entières, sans que la population n’ait le droit de le décrocher.

Plaque fixée sur un mur « Avenue de Paris » à Uzerche, à l’endroit même où a été pendu le « Lieutenant Michel »

Lorsque la population a pu le décrocher, la municipalité l’a fait inhumer dans le cimetière d’Uzerche. C’est son ami, Gerhard Leo qui, bien des années après, a signalé que l’inconnu pendu à Uzerche était « Michel » du groupe Jean Robert.

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