Mr René Froidefond a été enregistré chez lui à Objat en 2005]

– Pour quelle raison êtes-vous entré dans la Résistance ?

« Je suis entré en Résistance le 1er juin 1943 parce que j’ai été appelé pour partir au STO et que je ne voulais pas y aller.
Nous avons cherché des contacts avec trois autres camarades qui étaient dans le même cas que moi : Mergnac, Careymat, un Bernard de Brive et un Peyramaure. Nous avions rendez-vous chez Georges Logothétis de Varetz (capitaine) et un gars nous a conduits dans un premier camp en bas de Jugeals- Nazareth, un peu plus loin que le camp des Suspins (d’environ 100 mètres). Là, j’étais avec « Justin », Elie Dupuis de son vrai nom. On est parti de ce camp début septembre pour aller à la Boudie. Le matin du 8 septembre, nous avons été attaqués. Alors nous nous sommes éparpillés. Je suis monté à Pompadour. J’étais avec le maquis « La Douleur », Raymond de son prénom.

A Pompadour, j’étais déjà connu dans la population par le surnom de « Franco ». Alors j’ai pris le pseudonyme de « Justin ». Notre camp était entre Lubersac et Pompadour dans les bois. Vers la fin, nous étions carrément installés dans un coin du haras. »
– Quel rôle vous avait-on confié plus particulièrement ?
« J’ai été nommé au grade de sergent-chef et j’étais chargé de faire l’instruction des nouvelles recrues. Je leur apprenais le maniement des armes et des explosifs et je les entraînais à l’attaque des convois ennemis routiers ou ferroviaires par exemple. J’appartenais au commando de saboteurs du Détachement Grandel. Je leur apprenais à marcher au pas ! »

– Quelques souvenirs marquants ?

« Parmi tous les sabotages de voies je me souviens qu’une fois on a fait sauter, sur la ligne Paris -Toulouse vers Chasteaux, un train d’ ltaliens qui partaient en Allemagne. Les wagons commençaient à se renverser alors que j’étais toujours ou bord des rails. C’était au début, quand j’étais au camp de Jugeals-Nazareth.
Sur cette même ligne, nous avions fait stopper un train rempli d’Allemands et nous nous tirions dessus. Nous étions simplement protégés par des petits chênes et nous n’avions que des fusils de chasse.
J’ai un mauvais souvenir de la fois où mes deux copains Mergnac et Careymat ont été blessés alors qu’ils revenaient de récupérer des cartes de ravitaillement à Varetz. Mergnac a été déporté. Careymat a été touché à l’omoplate. On s’inquiétait car on ne les voyait pas revenir, puis Careymat est arrivé tout en sang. Plus tard, Peyramaure l’a conduit à l’hôpital de Clairvivre. Mergnac s’était caché dans une vieille carrière. Il a bougé, ça a fait du bruit et ils l’ont coincé. Il est parti à Dachau. Il est heureusement revenu à la libération des camps de concentration.
Tout à fait à la fin de la guerre, début septembre, il nous est arrivé un accident horrible. Nous étions dans une des stalles du haras. Un gars nettoyait son arme. Je m’apprêtais à lui demander s’il avait bien vérifié qu’elle n’était pas armée. Hélas, un coup est parti et a touché un jeune Résistant de 18 ans en plein dans le ventre. Le médecin est venu et on l’a transporté à Clairvivre chez le Professeur Fontaine. Il est décédé là-bas. C’était un gars que j’avais recruté à Troche et j’ai dû aller avertir l’oncle et la tante qui lui servaient de parents. J’étais si malheureux. Allez deviner qu’il y avait une balle dans ce fusil! »

– A propos des parachutages ?

« A Pompadour, il y en a eu deux, un à Chignac, un autre à Lanouaille. Nous étions là en sentinelle. Les Anglais nous avaient parachuté de l’argent, un peu d’armes et surtout du ravitaillement. »

– Quand avez-vous arrêté de faire partie de ce groupe de FTP?

« J’ai participé à l’embuscade du 9 août 1944 au nord ouest de Brive pour réceptionner et pour décharger en gare de Brive le train subtilisé aux Allemands rempli de canons anti-chars avec leurs munitions, puis j’ai pris part aux combats qui ont mené à la libération de Brive. Ensuite j’ai continué à servir jusqu’au 14 octobre 1944, date à laquelle je suis rentré chez moi.

On voulait que je m’engage après la guerre mais j’avais déjà fait deux ans d’armée car je m’étais engagé en 41. J’ai été rappelé fin janvier 45 pour faire 8 mois de plus et je suis allé en Allemagne à ce moment-là. Puis j’ai été définitivement démobilisé. »

RAJOUT: Monsieur Froidefond nous a quittés le 7 octobre 2011. (voir archives de septembre 2012)

 Réalisé par Mme MAURY

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